C’est demain que le mouvement populaire marquera son 24e acte. 24 vendredis durant lesquels, les manifestants n’ont eu de cesse de réclamer le départ du système. Ce vendredi, la rue s’exprimera, encore une fois, face à un pouvoir qui s’entête à se maintenir et à imposer sa feuille de route. Plus de cinq mois, que la rue n’a pas cessé de réaffirmer son engagement à mettre sur pied un État de droit, une justice indépendante et une seconde république bâtie sur les principes de la démocratie.
Mais ces revendications se heurtent à une obstination maladive du pouvoir. Cette énième manifestation sera une autre occasion pour la rue de confirmer sa position de principe, à savoir, aucun dialogue avec les symboles et les hommes du régime. Comme chaque vendredi depuis cinq mois, les marcheurs répondront à toutes “les propositions” de sortie de crise. Face au panel, au dernier discours d’Ahmed Gaïd Salah, aux récentes nominations, aux détenus d’opinion…, la rue apportera sa réponse et confirmera que rien ne se fera sans elle.
Il est certes trop tôt pour faire le bilan des 23 manifestations, cependant, la préservation du caractère pacifique des actions, les quelques acquis arrachés, tels le départ de Bouteflika, l’annulation de deux élections présidentielles, le rejet de toute forme de dialogue avec le pouvoir, la libération de la parole…, restent des avancées reconnues et établies. Demain, la rue s’exprimera de nouveau.
Tous les événements de la semaine seront traités, analysés et une réponse claire leur sera apportée. Des milliers, voire des millions d’Algériennes et d’Algériens descendront dans la rue pour réaffirmer leur position. Ni les difficultés durant le mois de Ramadhan, ni la répression, ni les barrages filtrants, ni les arrestations et encore moins la canicule et les vacances n’ont dissuadé les citoyens de manifester. Mardi dernier, en éclaireurs pour ce vendredi, les étudiants, même en période de vacances, ont assuré. Ils étaient des milliers à battre le pavé dans plusieurs villes du pays pour dire leur refus d’un dialogue initié par le pouvoir et dont la finalité n’est autre que le maintien du système.
À tout cet engagement plusieurs fois réaffirmé, le dernier discours du chef d’état-major vient confirmer que le chemin est encore long et que la mobilisation doit être au rendez-vous. Le veto opposé par le vice-ministre de la Défense aux préalables pouvant justifier “ses bonnes intentions”, rappelle à la rue qu’elle doit encore se mobiliser. Les appels inondent d’ores et déjà la Toile et le rendez-vous de ce vendredi promet d’être grandiose, mais aussi décisif.
Mohamed Mouloudj