Le mouvement du 22 février ou la révolution du sourire aura cheminé 35 semaines durant sans défaillir ni faiblir. Huit mois de mobilisation populaire seront consommés demain, vendredi, et le hirak promet davantage de contestation jusqu’à faire évacuer le système et ses symboles.
Comme le 34e mardi estudiantin qui a constitué une grande démonstration contre la répression, les arrestations massives et arbitraires des militants et autres activistes politiques, il est attendu que le 35e vendredi soit un jour de grande mobilisation, au regard des appels lancés notamment sur les réseaux sociaux.
Les Algériens dénonceront la feuille de route unilatérale du pouvoir qui tient, coûte que coûte, à aller vers l’élection présidentielle du 12 décembre prochain, tout en reconduisant systématiquement le mandat de dépôt pour les manifestants de tous bords et en restreignant les libertés individuelles et collectives, la liberté d’expression et de la presse.
La mobilisation du vendredi intervient dans un contexte qui a vu le pouvoir réviser des lois qui risquent d’hypothéquer l’avenir du pays et de plusieurs générations, à l’instar de la loi sur les hydrocarbures.
Ces projets, que les Algériens ont déjà dénoncés massivement dimanche dernier, servent de catalyseur au hirak. Tout comme les arrestations de militants et la répression de manifestations galvanisent le mouvement du 22 février.
Cela étant, le 35e vendredi sera notamment marqué par la formation de nouveaux carrés dédiés aux familles des détenus d’opinion et politiques, dont la liste ne cesse de s’allonger au fil des jours. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a appelé “la société civile et toutes les forces vives du pays à s’unir autour des mêmes revendications populaires et à faire échec aux tentatives visant la Révolution pour renforcer les rangs lors de la marche du vendredi, notamment les carrés des familles des détenus à travers toutes les wilayas du pays”, tout en affirmant qu’“aucune répression, aucune justice, surtout la justice soumise, ne peuvent arrêter tout un peuple en marche uni et pacifique et plus que jamais mobilisé pour la libération de l’Algérie”.
Les Algériens feront sûrement écho à l’appel, comme chaque vendredi depuis le 22 février dernier. L’endurance dont a fait preuve le hirak jusqu’ici autorise à prédire sa longévité, malgré la répression et les manœuvres.
D’ailleurs, la mobilisation populaire n’a pas fini de surprendre. À chaque fois qu’on craint qu’elle ne faiblisse, elle se produit grandiose et spectaculaire. Et c’est ainsi depuis le début.
FARID BELGACEM