La 5 e réunion du Conseil d’association entre l’UE et l’Algérie s’est tenu, hier, au Luxembourg.
Ainsi, tel qu’il a été annoncé auparavant par une source algérienne proche de la délégation, l’Algérie se propose, à travers le ministre des Affaires étrangère Mourad Medelci, de demander une adaptation du calendrier et des listes des produits concernés par le démantèlement tarifaire, arrêtés en 2002 dans le cadre de l’accord d’association, afin de répondre aux ambitions de développement et de modernisation de l’industrie algérienne. Révision à laquelle les partenaires européens ont répondu positivement.
Dans une allocution prononcée au Luxembourg, lors de la 5e réunion du Conseil d’association Algérie-UE, qu’il a présidée avec son homologue espagnol, Miguel Angel Moratinos, M. Medelci qui a énuméré les raisons objectives qui justifient cette demande, a déclaré que « l’Algérie, qui tient au respect des dispositions pertinentes de l’accord d’association et à la concertation bilatérale, a décidé de faire recours aux dispositions de l’accord d’association autorisant la révision du calendrier du démantèlement tarifaire ».
Il annoncera, à cet effet, que des propositions concrètes « seront bientôt transmises dans ce sens au comité d’association ». Cette demande est justifiée, également, par le fait que depuis 2002, « l’Algérie et l’économie algérienne ont changé ».
L’Algérie estime qu’il y a nécessité d’adapter un certain nombre de programmes qui sont inscrits dans le cadre de l’accord d’association, et de discuter de ce démantèlement tarifaire dont « le coût pèse lourdement sur les recettes budgétaires et qui n’encourage pas, également, la création et le développement de certaines industries locales naissantes ou en développement ».
A cet effet, l’aménagement demandé par la délégation algérienne va porter essentiellement sur les normes juridiques et économiques en mesure de permettre aux ambitions algériennes de se déployer. Outre les aspects économiques, M. Medelci a évoqué avec les responsables européens des sujets politiques d’intérêt commun, sachant que « le dialogue politique se déroule bien » et « à la satisfaction mutuelle des deux parties ».
Dans ce sens, le ministre a indiqué que « l’Algérie, en signant l’accord d’association, voulait développer une coopération globale qui couvrirait tous ses volets : politique, économique, et commercial, culturel, social et humain. Or jusqu’à maintenant, nous relevons clairement que le volet commercial a reçu une attention particulière par rapport aux autres », a-t-il constaté.
Partant de cela, il a affirmé aux partenaires européens qu’il était de l’intérêt des deux parties, en tout cas pour l’Algérie, que « la libre circulation des marchandises puisse s’accompagner d’une meilleure dynamique d’investissement et d’une meilleure mobilité des personnes ».
M. Medelci a rappelé, à cet égard, que les réunions des sous-comités « agriculture et pêche », « coopération douanière » et « dialogue économique » de cette année ont permis d’identifier des axes de coopération intéressants à mettre en oeuvre dans le futur.
Il a, aussi, rappelé la décision d’organiser deux séminaires sur la problématique de l’accès des produits agricoles algériens sur le marché européen, dont le premier se tiendra à Alger à la fin du mois courant.
Cette problématique a amené le ministre à relever que les exportations agricoles ont non seulement reculé mais que même la consommation des contingents tarifaires alloués à l’Algérie reste très faible.
Pour lui, le seul élément positif provient des exportations de la pêche qui ont atteint 18 millions d’euros et dont la balance commerciale est légèrement en faveur de l’Algérie. De ce fait, le ministre a rappelé aux partenaires européens que « l’accroissement des investissements directs européens en Algérie constitue un des objectifs essentiels de l’accord d’association ».
Il a souligné à ses interlocuteurs que « l’Algérie considère que les flux d’investissements européens sont en deçà des attentes, en particulier ceux destinés à promouvoir la diversification de son économie et de ses exportations ».
« Censé être un catalyseur pour le développement des investissements directs européens en Algérie, force est de constater que cinq années après son entrée en vigueur, l’accord d’association n’a pas eu encore l’effet d’entraînement attendu », a-t-il déploré.
« Les investissements de l’UE ne représentent que le tiers de l’ensemble des IDE reçus par notre pays, quand bien même une tendance positive, toute relative, commence à être enregistrée ces dernières années, comme noté par une première étude d’évaluation conduite par les experts de l’UE », a-t-il ajouté.
En outre, a-t-il poursuivi, l’accord d’association dans son volet démantèlement tarifaire à induit des pertes substantielles en recettes douanières pour l’Algérie au titre de la période 2005-2009, de l’ordre de 2,5 milliards de dollars, avec une projection pour 2010-2017 d’environ 8,5 milliards de dollars.
Evoquant les aspects positifs de l’accord, il soulignera que l’Algérie « se félicite des progrès enregistrés dans la négociation de l’accord de coopération sur la recherche scientifique et technologique », et a espéré que »l’aspect innovation soit pleinement intégré dans l’accord final ».
En matière de coopération financière, il soulignera la satisfaction de l’Algérie qui salue la décision de recourir à l’approche budgétaire nationale 2011-2013, en regrettant, néanmoins, »les réductions substantielles opérées, de manière unilatérale, sur l’enveloppe financière allouée à notre pays », et a réitéré l’espoir partagé de recouvrer ces ressources dans un cadre à la fois concerté et diligent. En dernier, les deux parties évoque notamment des questions qui concernent l’Afrique, le Sahel et le Moyen-Orient et une multitude de questions internationales.
Nassim I.