Après des mois de discrétion, l’APN sort de sa léthargie. En plus de servir une nouvelle fois l’agenda du pouvoir en adoptant, en un temps record, les deux projets de loi proposés par le panel de dialogue, les deux Chambres du Parlement défraient la chronique par le nombre important de leurs membres réclamés par la justice. En quelques jours, deux figures emblématiques du régime Bouteflika ont été “réclamées” par la justice.
Le ministère de la Justice a demandé à la Chambre basse du Parlement de lever l’immunité parlementaire, cette carapace juridique qui protégeait des poursuites judiciaires, de Mohamed Djemaï, secrétaire général du FLN et député de Tébessa, et surtout de Tliba, sulfureux député du FLN d’Annaba.
Les deux hommes symbolisent l’intrusion décomplexée de l’argent dans la politique. Depuis une douzaine d’années, les deux figures politiques ont réussi à focaliser autour d’elles l’attention des médias et des Algériens qui voient en eux les vitrines d’un pouvoir fait de rapine et de corruption.
Si le traitement des dossiers des deux députés du FLN fait les choux gras des médias nationaux, les dossiers d’autres parlementaires passent souvent inaperçus. Jusqu’à lundi, ce sont une dizaine de parlementaires qui ont renoncé à leur immunité parlementaire. Certains d’entre eux ont même exercé de hautes fonctions gouvernementales. C’est le cas des sénateurs Amar Ghoul, Djamel Ould Abbes, Saïd Barkat ou encore le député Boudjemaâ Talaï, qui aurait fui le pays.
D’autres sont moins connus du grand public, mais ils sont réclamés par la justice dans diverses affaires de corruption. Selon différentes sources, une quarantaine de parlementaires, des deux Chambres, font actuellement l’objet de poursuites judiciaires. Les motifs ne sont pas souvent connus. Mais l’impact de “la lutte contre la corruption” est bien visible.
Ces poursuites judiciaires ne font qu’enfoncer une institution parlementaire qui n’a en réalité jamais bonne presse auprès des Algériens. Issues de fraudes électorales, ces deux Chambres parlementaires ont marqué la scène politique par leur propension à adopter tout ce qui vient du pouvoir.
La poignée de députés de l’opposition ne font souvent qu’animer les débats sans grandes conséquences sur les décisions finales. Même lorsque les lois proposées vont à l’encontre des intérêts du pays, les parlementaires lèvent la main sans trop de discussions.
Au lieu de jouer son rôle d’institution législative, le Parlement a souvent défrayé la chronique par d’autres faits. C’est le cas des épisodes durant lesquels des parlementaires, notamment ceux de la majorité FLN-RND, ont demandé des augmentations de leurs indemnités parlementaires qui s’élèvent aujourd’hui à près de 400 000 DA pour le député ou sénateur sans responsabilité. Malgré cela, les deux Chambres du Parlement sont parties pour rester. Du moins le temps que durera la transition.
Ali Boukhlef