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Le président de la Hiise s’est contenté de dire que «le Code électoral est un produit de l’homme, ce n’est pas un texte révélé. Donc, il est certainement frappé d’imperfections et de lacunes».
Le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), Abdelwahab Derbal, a pour une fois joué le jeu de la clarté sur le rôle qui échoit à son instance. Derbal n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour qualifier son instance de «structure officielle créée par un mécanisme constitutionnel et appuyé par une loi organique qui détermine ses missions et ses prérogatives», a-t-il souligné.
Mais cette fois-ci, Derbal a coupé court avec l’idée que son instance est en mesure d’assurer des élections libres et honnêtes. Dans ce sens, le président de la Hiise a indiqué que «je ne pourrai dire que mon instance serait en mesure d’assurer toute la régularité et la transparence quant à l’opération électorale. Mais je peux dire que mon instance fera de son mieux pour que l’élection présidentielle se déroulerait dans un climat où les résultats seraient rassurants», a précisé le président de la Hiise.
Abdelwahab Derbal s’est permis tout de même une «exégèse» par rapport au rôle et les missions de son instance sur le plan technique et procédural. Mais il a occulté l’aspect politique qui a sa part du lion en termes d’instrument déterminant pour asseoir les critères de l’indépendance et de l’autonomie de la Hiise et les interférences de l’administration en la matière. Dans ce registre, Derbal a voulu être hors «circuit» pour éviter de traiter l’aspect politique de la gestion électorale de l’élection présidentielle. Le président de la Hiise s’est contenté de dire que «le Code électoral est un produit de l’homme, ce n’est pas un texte révélé.
Donc, il est certainement frappé d’imperfections et de lacunes», et d’ajouter que «les erreurs, il y en aura certainement, c’est une question de pratique sur le terrain qui déterminera la véracité du texte de loi ou non», a souligné le président de la Hiise.
Derbal s’est adonné à un exercice juridique périlleux, il a même essayé de se mettre dans l’habit d’un constitutionnaliste. Mais n’empêche, il a indiqué que «du point de vue de la loi et de la Constitution, l’instance est indépendante. Mais quel est le degré d’indépendance de cette instance? C’est une question qui reste posée», s’est-il interrogé.
Le président de la Hiise a jeté un pavé dans la mare avec cette sortie inattendue de sa part. A bien suivre ses déclarations, l’indépendance de son instance obéit surtout à une norme qui ne devrait pas sortir du giron de «l’Etat pour qui cette instance voue un attachement viscéral dans sa relation en tant qu’instrument propre», a-t-il tonné.
Pour bien boucler la boucle, Derbal n’y est pas allé de main morte pour dire que «la Hiise n’est pas un parti politique, elle est neutre, elle se fie à la loi uniquement, mais je confirme que l’instance ne dispose pas de toutes les prérogatives qui puissent lui permettre d’assumer son rôle totalement», a-t-il insisté.
Cette déclaration à elle seule prête à confusion et est sujette à des interprétations multiples. Abdelwahab Derbal reconnaît que l’indépendance de son instance est frappée d’incapacité dans des aspects relevant de l’outil politique tous azimuts. D’ailleurs, c’est pour cette raison, que le président de la Hiise a insisté sur «la nécessité de faire en sorte d’entamer le processus électoral d’une manière graduelle pour réussir un processus électoral et démocratique non pas propre et honnête, mais surtout rassurant», (sic).
C’est dire que Abdelwahab Derbal reconnaît que quelque part la Hiise ne dispose pas de mécanismes lui permettant d’asseoir les critères «transparents» d’un déroulement de processus électoral intègre, propre et honnête.
Le président de la Hiise renvoie les concernés par les missions de son instance au texte fondateur de la Hiise en précisant qu’«une partie des missions de la gestion de l’opération électorale est concentrée au niveau de la partie de l’administration et une autre partie est située au niveau de l’appareil judiciaire».
Tout compte fait, le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections n’hésite pas, comme à l’accoutumée, de renvoyer l’ascenseur aux autres structures officielles censées permettre à son instance de jouir de toute son autonomie pour assumer sa tâche consistant à assurer des élections libres, propres et honnêtes. S’agit-il d’un message politique que Abdelwahab Derbal veut adresser à une instance officielle précise? Le temps, nous le dira…