De nouveaux éléments viennent d’être révélés dans l’affaire des pressions exercées sur les juges, lors des législatives de 2017, impliquant l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh.
L’affaire remonte aux élections législatives du 5 mars 2017, et le renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation en 2018. Aux côtés de l’ancien garde des Sceaux, l’ancien secrétaire général et l’inspecteur général au ministère de la Justice sont également impliqués.
Selon des informations rapportées ce jeudi 4 février par le quotidien El Khabar, citant des sources bien au fait du dossier, les faits de la première affaire se sont déroulés au niveau de la wilaya de Tlemcen lors des élections de renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation en 2018.
Dans les détails, les nouveaux éléments ont dévoilé des tentatives de fraude et de dissimulation de preuves de fraude en faveur d’un candidat du FLN, contre un candidat du RND au niveau de la wilaya de Tlemcen.
Affaire du renouvellement partiel des membres du Sénat
L’un des membres du tiers présidentiel au conseil de la nation à l’époque n’était autre que le gendre de Tayeb Louh, également d’obédience FLN. Ce dernier, cité dans l’affaire en tant que témoin, avait incité, le 29 décembre 2018, un groupe d’individus pour menacer les juges en charge de ces élections.
Il envisageait, via ces pressions, de les forcer à changer le contenu du procès-verbal de dépouillement, qui n’était pas alors en la faveur de son parti. Selon le témoignage d’un conseiller auprès de la Cour de Tlemcen, cité par El Khabar, « au moment du dépouillement, un groupe d’individus en armes blanches a fait irruption dans la salle ».
C’est ainsi que ces magistrats ont été menacés de modifier le contenu du PV de dépouillement, sous les menaces et les insultes de la part de ce groupe d’individus engagé par le gendre de l’ancien ministre. Ce dernier les avait même menacés de détruire leurs carrières en se référant à ces relations avec l’ancien garde des Sceaux.
Selon les sources citées par le même journal, Tayeb Louh aurait déclaré lors de son interrogation qu’il avait ordonné l’ouverture d’une enquête à l’époque, niant avoir transféré l’un des juges, victime de l’agression vers un autre service.
L’affaire des législatives de 2018 à Ghardaïa
S’agissant de la deuxième affaire, elle remonte au 5 mars 2018, lors des élections législatives tenues la même année dans la wilaya de Ghardaïa, et les instructions données par Tayeb Louh en faveur d’une candidate indépendante.
L’ancien SG du ministère de la Justice et le Directeur des affaires civiles et du Sceau avaient contacté le président de la Cour de Ghardaïa afin de la forcer à autoriser une candidate indépendante à rassembler les signatures à effet rétroactif, pour lui permettre de déposer son dossier, alors que les délais ont été consommés.
Suite au refus du président de la Cour de Ghardaïa, la candidate avait porté plainte contre lui auprès de la justice administrative, qui a tranché en sa faveur le 6 mars 2017, stipulant de l’autoriser à déposer son dossier de candidature.
Ensuite, c’était autour de la présidente de l’instance des élections de la wilaya de Ghardaïa à subir les pressions pour recevoir la candidate en question, et lui permettre de déposer son dossier. Et face à son refus, elle avait été mutée vers la Cour de Tiaret, l’obligeant ainsi à parcourir 300 KM pour rejoindre son lieu de travail.