Des dizaines de « chiites » et de « salafistes » ont été convoqués par la police et par le procureur de la république à Tlemcen pour être entendus dans le cadre d’une lettre de menace anonyme adressée à un agent de la sûreté de la wilaya de Tlemcen, rapporte le journal arabophone El Khabar.
Neuf « chiites » ont été entendus dans le cadre de l’affaire de lettre de menace et ils ont nié totalement être impliqués. Par contre, note le journal, « ils n’ont trouvé aucune gêne a admettre qu’ils sont des chiites ». Les 9 personnes ont fait valoir le principe de la liberté de conscience consacrée par la Constitution algérienne et ont nié tout lien avec les violences ou la menace.
Des salafistes ont été également entendus dans le cadre de cette affaire et ils ont nié également être liés à la lettre de menace adressée au policier. Selon El Khabar qui cite une « source sûre », ces salafistes ont insisté sur la « menace chiite ».
Le parquet, indique le journal, a demandé l’avis de la direction des affaires religieuses au sujet des pratiques chiites et si elles étaient conformes à la loi « fixant les conditions et règles d’exercice des cultes autres que musulman. »
Cheval de bataille salafiste
Une demande paradoxale, le chiisme n’étant pas un culte « non musulman ». La loi en question dispose en son article 2 que l’Etat « algérien dont la religion est l’Islam garantit le libre exercice du culte dans le cadre du respect des dispositions de la Constitution, de la présente ordonnance, des lois et règlements en vigueur, de l’ordre public, des bonnes moeurs et des droits et libertés fondamentaux des tiers. » Le même article dispose que « L’Etat garantit également la tolérance et le respect entre les différentes religions. »
Le nombre d’Algériens qui se « convertissent » au chiisme est inconnu. Les salafistes, fortement relayés par des médias arabophones, évoquent régulièrement sous le mode du « complot » une multiplication des activités chiites. Des affirmations qui laissent dubitatifs.
Pour des spécialistes, la « menace chiite » qui est le menu quotidien des médias et des salafistes dans les pays du Golfe est fortement exagérée. Sans compter qu’au regard de la Constitution, la liberté de croyance est reconnue et ne constitue pas un crime. La loi n’interdit pas les cultes non-musulmans, elle vise à l’organiser. Et encore une fois, il est nécessaire de rappeler, disent-ils, que les chiites son des musulmans.