Des avocats accusent le parquet de verser dans le déni de la réalité: “Il y a bel et bien des prisonniers d’opinion”

Des avocats accusent le parquet de verser dans le déni de la réalité: “Il y a bel et bien des prisonniers d’opinion”

Le parquet général d’Alger a réagi dimanche à la déclaration de l’avocat Mokrane Aït Larbi, qui s’est plaint du refus qui a été opposé, entre autres, à sa demande de permis de visite à un de ses mandants. Dans sa réponse, le parquet général d’Alger a affirmé que “les dossiers qui sont traités au niveau de ses juridictions ne sont pas d’ordre politique”, assurant qu’“aucun détenu politique n’est incarcéré à leur niveau”. Après cette sortie du parquet général d’Alger, des avocats ont, à leur tour, réagi. Interrogés, ces derniers estiment que cela relève plutôt du “déni”. Il en est ainsi de Me Mokrane Aït Larbi qui, dans une autre réponse adressée au parquet général, a souligné que sa constitution en tant qu’avocat vise “à défendre l’activiste Fodhil Boumala”, détenu “pour ses opinions politiques” à la prison d’El-Harrach. Il a ajouté que les détenus politiques qu’il défend avec d’autres avocats “ne sont pas poursuivis dans des affaires de droit commun et indépendamment des accusations, ce sont donc des détenus politiques”.

De son côté, Me Fetta Sadat a estimé que la réaction du parquet général de la cour d’Alger entre dans “la logique du fonctionnement du régime en place que de nier les évidences”.L’avocate a ajouté que le régime “a toujours fonctionné sur la base du déni de la réalité”. “Le peuple qui sort par millions chaque mardi et vendredi, afin de manifester pacifiquement pour que sa souveraineté soit respectée, est accueilli avec la répression et les arrestations. Cela relève des exactions et d’atteinte aux droits humains” pourtant “consacrés par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie”, a-t-elle souligné, considérant que “le droit de se réunir, de se déplacer librement dans son propre pays, de manifester pacifiquement… sont quotidiennement bafoués et violés”. “C’est par déni que le régime ne veut pas accepter que l’on parle de détenus politiques sur les personnes incarcérées parce qu’ils ont exprimé une opinion politique ou participé à une manifestation réclamant la liberté et la souveraineté”, a ajouté

Me Sadat. Me Salah Dabouz, avocat et défenseur des droits humains, n’en pense pas moins. Il a estimé que “tous ceux qui sont accusés de porter atteinte à l’unité nationale ou de complot contre le régime sont des détenus d’opinion”. “Ces accusations-là ont comme ancêtre l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État qui avait sévi depuis les années 60 jusqu’à 88, emportant le colonel Chabani, Moufdi Zakaria, Mohamed Khider, Ahmed Medeghri, Krim Belkacem et bien d’autres encore”, a-t-il rappelé.

Mohamed Mouloudj