Depuis le déclenchement du conflit ukrainien en février 2022, les puissances de ce monde semblent s’intéresser de plus en plus à l’Algérie. C’est le cas notamment de la Russie, de la Chine, de l’Italie, mais aussi des États-Unis.
Pour sa part, l’Algérie fait en sorte de profiter de ce bouleversement de l’ordre géopolitique pour se tailler une place dans le concert des nations. C’est ainsi qu’elle fait valoir son rôle de nouvelle puissance énergétique et envisage d’intégrer le groupe des BRICS courant 2023.
Dans ce contexte, un groupe de chercheurs américains du Washington Institute ont publié récemment (le 18, mais 2023) une analyse approfondie dans laquelle ils étudient la situation de relation entre l’Algérie et la Russie après le conflit ukrainien pour, ensuite, donner une série de recommandations à Washington à propos de l’avenir de ses relations avec l’Algérie.
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Sabina Henneberg, Grant Rumley et Erik Yavorsky ont particulièrement insisté sur les domaines de la défense et de la sécurité. Ils ont mis l’accent sur le fait que l’Algérie ne pouvait plus dépendre totalement du soutien militaire russe et que c’est là une opportunité que les Etats-Unit doivent saisir pour renforcer leurs liens avec notre pays.
Et parmi les axes qu’ils ont proposés, on trouve, bien sûr, les échanges économiques, les investissements, les énergies renouvelables… Mais, il a surtout été question « d’utiliser la perspective de ventes d’armes et de coopération en matière de sécurité (…) comme moyen d’attirer Alger hors de l’orbite de Moscou ».
Les USA veulent attirer Alger hors de l’orbite de Moscou
D’abord, les analystes Washington Institute se sont livré à un long exposé sur l’évolution des relations entre l’Algérie et son allié historique, la Russie, depuis le début du conflit en Ukraine. S. Henneberg, G. Rumley et E. Yavorsky ont estimé que l’Algérie était en train d’essayer de jouer « un numéro d’équilibriste » entre ses liens étroits avec la Russie et son désir de maintenir son non-alignement sur la scène internationale.
Ensuite, l’étude s’est penchée sur la façon dont les Washington devraient exploiter le conflit ukrainien pour renforcer la coopération en matière de défense et de sécurité avec l’Algérie.
Notant que « la dépendance historique de l’Algérie à l’égard du soutien militaire de la Russie pourrait se transformer en vulnérabilité à mesure que les effets de la guerre en Ukraine entravent la capacité de Moscou à vendre des armes et des équipements militaires », les trois chercheurs suggèrent que « Washington pourrait envisager d’utiliser la perspective de ventes d’armes et de coopération en matière de sécurité — en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme — comme moyen d’attirer Alger hors de l’orbite de Moscou ».
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D’ailleurs, le président Tebboune a reçu, le 6 mars dernier à Alger, la sous-secrétaire d’État américaine au contrôle des armements, Bonnie Denise Jenkins. Toutefois, souligne l’étude, Washington devra concilier cette volonté de rapprochement avec le désir du Congrès d’imposer à l’Algérie des sanctions au titre de la loi CAATSA (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act) pour ses achats d’armes russes.
Quel avenir pour les relations Algérie — États-Unis ?
En conclusion de leur article, les trois analystes du Washington Institute estiment qu’à ce stade « la meilleure approche pour Washington consiste de continuer à traiter Alger comme un partenaire dans le domaine de la sécurité et de créer des ouvertures pour un engagement plus profond ».
« Cela pourrait inclure, précisent-ils, le renforcement des partenariats d’investissement avec d’autres secteurs de l’économie algérienne, tels que l’agriculture et les énergies renouvelables et continuer à encourager un climat d’investissement en Algérie plus stable et plus amical ».
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En outre, l’étude indique que les États-Unis devraient engager l’Algérie dans des discussions sur la stabilité régionale, compte tenu des « préoccupations de l’Algérie concernant l’effondrement économique potentiel de la Tunisie et l’instabilité croissante au Sahel ».