Des commissions étaient accordées à des dépositaires publics à la suite de leurs placements effectués à Khalifa Bank, a révélé samedi devant tribunal criminel de Blida le témoin Hakim Korse.
Entendu par le juge Antar Menouar dans le cadre du procès de Khalifa Bank, le témoin a soutenu que des commissions étaient accordées à des clients du secteur public et qui représentaient un pourcentage variable, proportionnellement au placement effectué auprès de la défunte banque.
Ayant purgé une peine de dix ans dans la même affaire, le témoin occupait au moment des faits (fin 1999 début 2000) la fonction de directeur de l’agence d’Oran de ladite banque, au titre de laquelle il avait signé les commissions en question, sans pour autant en avoir négocié les termes, a-t-il affirmé.
Citant l’exemple de l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) de Relizane, M. Korse a confirmé au juge que plus d’une trentaine d’entreprises publiques, clubs sportifs, etc, en ont aussi bénéficié alors qu’il avait soutenu, peu de temps avant, n’avoir pas « signé » les documents en question.
Tout en imputant la responsabilité directe à l’ex-directeur de la trésorerie de Khalifa Bank, Fouzi Baichi (décédé), il a disculpé l’ex-patron déchu du groupe Khalifa, Abdelmoumène Khelifa, de l’avoir personnellement instruit au sujet de ces opérations.
« Ce sont alors des commissions qui étaient remises sous la table », lui assène le juge qui l’interroge, par ailleurs, sur le trou financier cumulé par l’agence avant la dissolution du groupe et qui était de 46 millions de DA.
Soutenant l’absence de difficultés financières de cet ordre, le témoin a évoqué des « écritures entre agences en suspens », confirmant le nombre de plus d’un millier de celles-ci et avancé par le juge Menouar.
Le témoin a été, en outre, confondu par le président du tribunal sur l’octroi d’un sponsoring financier de 2 millions de DA à l’association locale « La Radieuse », sans document attestant de la transaction. En guise de réponse, il a de nouveau dédouané son ex-patron, Abdelmoumène Khelifa de l’en avoir instruit directement.
« Vous disiez le contraire devant le juge d’instruction. Est-ce parce que ce dernier est cette fois-ci présent au tribunal? », l’accule le juge, qui l’interroge également sur d’autres montants remis à d’autres parties. Le témoin tiendra les mêmes propos à même de le disculper.
M. Korse sera, par ailleurs, entendu au sujet du transfert de l’excédent financier engrangé par l’agence qu’il dirigeait vers la caisse principale d’Alger, et à propos de laquelle il a confirmé l’acheminement des fonds, en dinar et en devises étrangères, à bord de la flotte de l’ex-Khalifa Airways.
« Le transfert se faisait par M. Baichi et je n’y étais concerné en rien dés lors que j’estimais que ce dernier en avait les prérogatives de par sa fonction », a-t-il rétorqué au juge qui avait relevé l’irrégularité qui consistait en l’absence de « traçabilité » de l’opération.
Ayant assumé plusieurs responsabilités au sein du groupe Khalifa, Tahar Mekkadem a répondu, entre autres, du prêt de plus de 23 millions de DA pour l’achat d’un appartement et d’un autre d’une valeur de 650.000 DA pour l’acquisition d’un véhicule, sans documents y attestant.
Tout en dégageant la responsabilité directe de Abdelmoumène Khelifa quant à ces prêts, le témoin a assuré avoir restitué 4 millions de DA au titre du second prêt, sans pour autant également en avoir de preuve écrite.
« Cela s’est fait conformément à la relation que j’entretenais avec M.Khelifa », a-t-il clarifié, avant de confirmer avoir encaissé, au titre de sa fonction, des bons anonymes d’un montant de 18 milliards de centimes au profit d’une « personnalité » dont l’identité ne lui avait pas été divulguée.
« Devant le juge d’instruction, vous aviez nié avoir encaissé le montant », l’interrompt le juge Menouar avant de le questionner sur d’autres transferts, de même que sur des « failles » financières relevées dans la caisse principale de Khalifa Bank, lorsqu’il y exerçait en tant que directeur de l’exploitation.
Rejetant ce constat, le témoin qui a purgé cinq ans de peine au titre de cette affaire, a reconnu l’existence d’un seul déficit, de même « n’avoir jamais signé » de conventions de sponsoring de plus d’une vingtaine de clubs sportifs, en sa qualité d’ex-conseiller sportif à l’ex-Khalifa TV.
Il répondait à ce sujet, à une interpellation du procureur général, Mohamed Zerg Erras, sur la « régularité » de ce sponsoring et qui s’est, en outre, enquis auprès du témoin sur la procédure d’enregistrement des montants de sponsoring des clubs sportifs.