Des dizaines d’entre eux concernés par la levée de l’immunité : Sale temps pour les parlementaires

Des dizaines d’entre eux concernés par la levée de l’immunité : Sale temps pour les parlementaires

Levée de l’immunité parlementaire :environ une trentaine de députés et sénateurs dans le collimateur de la Justice.

L’Assemblée populaire nationale était clairsemée, hier. Les députés ont boudé l’hémicycle. A chacun sa raison, mais certains, il ne faut pas en douter, sont noués par l’angoisse et ont opté pour l’isolement. La rumeur insistante sur la préparation d’au moins une trentaine de demandes de levée d’immunité, semble avoir plus d’échos dans les couloirs de l’APN et crée certainement un mouvement de panique chez les élus qui traînent de grosses casseroles. Ces derniers ont peur d’être rattrapés par la justice, ayant la certitude, aujourd’hui, que leur immunité parlementaire ne jouera plus son effet paravent.

Les députés véreux savent bien qu’ils n’ont plus aucune protection et qu’ils ont perdu de leur influence avec la perte de leurs appuis, dans les différentes institutions. De plus, la levée d’immunité de Mohamed Djemaï, le SG du FLN, celle de Bahaeddine Tliba, Smaïl Benhamadi et Beraï Saker, vient confirmer que l’heure de l’impunité est révolue et que «les écuries» de Zighoud Youcef seront nettoyées. Et la question s’impose : nos élus sont-ils tous corrompus ? Certes, personne n’a le droit d’accuser quiconque de corruption, sans y apporter la preuve. Raison pour laquelle, la réponse sera bien évidemment non. Mais – car il y a un mais pour lequel personne ne sera contre- en Algérie, il y a toujours eu une «guéguerre» féroce pour l’obtention du poste de député. Il ne s’agit malheureusement pas d’un duel politique, puisque au sein d’un même parti et lors de l’établissement des listes, les candidats à la députation ne sont nullement gênés de se donner en spectacle en train de se bagarrer à mains nues ou se lançant des chaises. Ce qui prouve au moins que la convoitise de ce poste rend «fou et violent».

Nos députés sont-ils tous fous et violents ? La réponse est à nouveau négative. Car, une fois le poste arraché, ils entrent dans une phase d’immense sérénité. Pour certains députés, l’objectif est atteint. Leur but étant d’être membre de la chambre basse, de bénéficier du gros salaire, des avantages et d’avoir des connaissances qui leur permettent de régler les petits soucis de leurs proches et amis. Mais pour d’autres, la visée est toute autre : la députation et l’immunité qu’elle offre ne sont que la clé qui ouvrira la porte aux affaires. En Algérie, des députés sont devenus des hommes d’affaires et les hommes d’affaires sont devenus des députés.

Et c’est cette amalgame entre les affaires et la politique qui a fait énormément de tort à l’APN. Tout le monde connaît les moyens que certains élus ont utilisés pour parvenir à l’hémicycle. C’est un secret de polichinelle que de rappeler que Abdelaziz Belkhadem a été accusé par des cadres du FLN d’avoir ouvert la porte du parti aux gens de la «chkara» ou de rappeler encore que le fils de Djamel Ould Abbès a été arrêté pour avoir «vendu» au prix fort des places sur la liste des candidats aux législatives de 2017.

Il y a aussi ce député qu’on dit impliqué dans une affaire de cocaïne ou encore ce sénateur mêlé à l’affaire de la «caverne d’Ali Baba». Il s’agit, pour plus de précisions, de la découverte dans un logement à Moretti de milliards de centimes, des centaines de milliers d’euros et près de 17 kg de bijoux. Un pactole qui appartiendrait à la «Isabaa» dont la liste des membres s’allonge chaque jour un peu plus.
C’est ce qui a laissé l’APN, et sans jeter l’anathème sur tous les députés, devenir une faune d’affairistes, accros aux privilèges. Et c’est cette faune qui s’est servie à satiété, au lieu de servir la patrie. Aujourd’hui, tous les députés qui ont trempé dans de l’eau trouble devront se dénuder devant le peuple. Justice sera rendue.