Le marché parallèle de la devise s’est affolé ces derniers jours : l’euro a atteint la barre des 180 DA avant de s’apaiser. Il faut aujourd’hui 170 DA pour un euro. Néanmoins, l’écart est actuellement de 30% entre le marché parallèle et le marché officiel de la devise. La question est de savoir comment va évoluer le dinar en 2016. Déjà entre 2014 et les dix premiers mois de 2015, l’Algérie a enregistré une forte dévaluation de sa monnaie : près de 30% par rapport au dollar américain et près de 11% par rapport à l’euro.
Sommes-nous arrivés à des valeurs limites ? En un mot, on ne peut descendre plus bas. Cette question divise les spécialistes de la monnaie nationale. Les pessimistes prédisent un euro à 200-250 DA sur le marché parallèle.
Dans ce scénario, l’Algérie connaîtra une forte hausse des prix des produits de large consommation. Du coup, le pouvoir d’achat des ménages sera touché de plein fouet.
Des spécialistes plus optimistes estiment qu’avec les mesures de maîtrise du commerce extérieur et d’assainissement des circuits de l’informel, l’euro grimpera à 125 DA sur le marché officiel en 2016, 140 en 2017 avec une réduction de l’écart avec celui du marché parallèle : 150 DA pour un euro. Cette situation proche de l’extinction du marché parallèle de la devise résultera d’une meilleure maîtrise de la sphère informelle.
L’équation paraît simple : plus le gouvernement s’attaque aux sources qui alimentent la flambée de l’euro sur le marché parallèle de la devise, moins la dévaluation du dinar sera importante et moins le pouvoir d’achat des citoyens s’en trouvera affaibli. Plus sa détermination sera forte dans cette bataille, plus les effets psychologiques dévastateurs sur la valeur du dinar, tels que la perte de confiance en l’avenir de l’économie nationale, voire de l’Algérie, s’estompent.
Mais dans un scénario de laisser-faire, on assistera à un dérèglement tel de l’économie nationale que la hausse des prix (inflation) deviendra difficilement maîtrisable. La dévaluation du dinar, si elle n’est pas amortie, annonce des lendemains dramatiques pour la majorité de la population dans un an ou deux.
En revanche, si le mouvement imprimé par les pouvoirs publics s’oriente dans une perspective moyen terme fondamentalement vers la solidité du dinar supportée par une économie moins fragile, plus productive, on peut s’attendre à des lendemains plus roses.
K. R.