Y a-t-il des filières universitaires inutiles ? C’est la question qui s’est imposée d’elle-même au premier jour des préinscriptions des nouveaux bacheliers. Au 25 juillet dernier, jour de cette opération avant les inscriptions confirmées, beaucoup d’entre eux, avons-nous constaté, ont refusé de s’inscrire au motif que les filières qui leur sont proposées « n’offrent aucune perspective de formation et encore moins de travail ».
C’est ce que nous a indiqué un jeune bachelier venu s’inscrire à l’université d’Alger III, avant de s’abstenir, préférant « réfléchir encore quitte à refaire le bac une deuxième fois » pour prétendre à une « vraie filière ». Cet étudiant n’est pas le seul à critiquer l’offre de formation proposée par le ministère de l’Enseignement supérieur. La plupart de ceux que nous avons croisés ont exprimé tantôt leur crainte tantôt leur refus de s’inscrire « dans des disciplines sans avenir ». « Ce qui nous est proposé n’est ni intéressant en termes de formation ni susceptible de nous garantir un emploi plus tard », nous dira l’un d’entre eux. Dans ce contexte, l’Union générale estudiantine libre (Ugel) a lancé un appel à la tutelle de revoir son offre de formations sous peine de voir de nombreux bacheliers repasser à nouveau le bac ou de voir des «facultés entières désertées » parce qu’elles n’offrent aucune perspective d’avenir. La question de l’adéquation entre l’offre de formation universitaire, les vœux des nouveaux étudiants et l’opportunité d’emploi sur le marché du travail est déjà ancienne. Depuis 2014 au moins, elle est fréquemment posée sans réelle solution sur le terrain. A la rentrée d’octobre dernier, l’ancien ministre du secteur Tahar Hadjar, aujourd’hui emporté par la crise politique actuelle, avait assuré que l’université algérienne œuvre à renforcer sa politique de formation pour répondre aux besoins du marché du travail et des entreprises. «L’Université algérienne s’emploie à renforcer les propositions de formations en adéquation avec les besoins du marché. Et ce, afin de favoriser l’insertion professionnelle des nouveaux diplômés et répondre aux préoccupations économiques des opérateurs», avait-il déclaré en octobre 2018. Dans les faits, ce n’était pas la première déclaration a avoir été faite dans ce sens, mais les nouveaux étudiants, ceux qui ont des moyennes entre 10 et 13, se retrouvent confrontés à des choix douloureux : se retrouver à l’intérieur du pays dans des filières qui font sourire, comme celle de la dramaturgie à Saïda, par exemple, ou refaire l’année pour espérer un accès à des disciplines jugées plus rassurantes pour leur avenir professionnel