La capitale algérienne, Alger, est actuellement le théâtre d’un conflit inhabituel, où certains habitants locaux se voient sommés de quitter leur domicile par des descendants de pieds-noirs français.
Ces demandeurs, petits-enfants ou héritiers des colons français qui ont quitté l’Algérie après son indépendance, revendiquent leur part d’héritage. Malgré la légitimité de leurs actes de propriété, cette situation délicate soulève un sentiment de menace constant et une tension palpable chez les habitants de certaines régions de la capitale.
Des habitants d’Alger « sommés » de quitter leurs domiciles par des héritiers de pieds-noirs
Depuis plusieurs mois, des lettres de commandement ont été envoyées à certains résidents d’Alger, les sommant de quitter les lieux au nom de l’héritage des pieds-noirs français. Ces descendants soutiennent que les biens immobiliers que leurs ancêtres ont laissés derrière eux leur reviennent de droit. Ils estiment donc pouvoir revendiquer leur part de cet héritage, quel que soit le temps écoulé depuis le départ de leurs familles.
Ces demandes de départ ont suscité de vives réactions au sein de la communauté algéroise. Bien qu’ils soient propriétaires de droit, certains habitants se sentent menacés et contestent la légitimité de ces revendications, soulignant que de nombreuses années se sont écoulées depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Ils estiment qu’il est injuste de remettre en question leur droit de propriété après tant d’années et de générations écoulées.
Les accords d’Évian et l’héritage des colons français en Algérie
D’après l’avocate à la cour Fatima Zahra Benbrahem, les accords d’Évian comprendraient une clause permettant aux pieds-noirs de revendiquer leurs bien en Algérie après une certaine période.
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« C’est un problème complexe, car les accords d’Évian ont été rédigés d’une façon très franche. Selon ces derniers, tout Français ayant quitté le territoire algérien après 1962 et voulant revenir au pays après une certaine période est en droit de le faire. Ce dernier peut revendiquer ses biens et en faire usage comme bon lui semble ».
La nationalisation des biens vacants, une solution au problème épineux de l’héritage colonial ?
Cette situation complexe soulève des défis juridiques et politiques considérables. La question de la propriété foncière en Algérie est intrinsèquement liée à l’histoire coloniale du pays, ce qui rend les revendications d’héritage encore plus délicates.
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Néanmoins, il convient de noter que le gouvernement algérien a procédé à la nationalisation de tous les biens vacants après le départ des pieds-noirs, cherchant par là à préserver les droits des habitants actuels. Un conflit juridique majeur pourrait-il éclater entre les propriétaires algériens des biens et les héritiers des colonisateurs ?