Des images qui s’écoutent ?

Des images qui s’écoutent ?

Lundi dernier, le chef de l’État a présidé une réunion dont l’ordre du jour était le texte du projet de Constitution. À travers cette réunion, qui doit être suivie d’une autre aujourd’hui, les observateurs ont compris que le projet en question, après bien des avatars en relation avec la guerre des clans, est aujourd’hui en phase de finalisation.

Exit le général Toufik, le président Bouteflika a désormais toutes les cartes en main pour imposer son projet et balisé en toute quiétude la voie de la succession. Mais au-delà de son ordre du jour, cette réunion, à laquelle avaient pris part Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia, Tayeb Louh, Ahmed Gaïd Salah, Tayeb Belaïz et Boualem Bessayeh, vaut tant par le “casting” que par les images de l’ENTV. Des images qui répondent à un objectif évident de mise en scène. Il s’agissait, en effet, de montrer à l’opinion publique que le président Bouteflika assume ses attributions constitutionnelles. Qu’il est en phase avec les soubresauts de la scène politique. Qu’il est surtout le chef incontesté. Tout le monde aura compris que le message subliminal des images de la réunion se décline comme d’abord une réponse au groupe des “19-4” pour qui le Président serait pris en otage par un clan. La question est de savoir si ces images ont produit leur effet. Si pour les partisans du Président, à commencer par Saâdani, il n’y a désormais plus de place au doute quant à “l’alacrité du président”, après la diffusion de ces “images qui s’écoutent”, c’est loin d’être l’avis de Mmes Bitat et Khalida Toumi, deux des signataires de la lettre du groupe des “19-4”, qui ne sont pas du tout convaincues. Pour elles, le Président ne doit pas avoir recours à des artifices de la communication pour s’exprimer, mais parler directement au peuple en vertu de l’article 70 de la Constitution. Et tout le problème, depuis le début du quatrième mandat réside dans la nuance entre ces deux verbes.