Les parents d’élèves désapprouvent l’action et la condamnent
Par Karima Mokrani
La fièvre de la contestation s’empare des élèves de terminale de la wilaya d’Alger, près de deux semaines après celle de leurs camarades à Tizi Ouzou, Constantine, Oran… A leur tour, ils demandent un «seuil» des programmes à réviser pour le baccalauréat 2012, alors qu’ils sont au début du deuxième trimestre de l’année scolaire. En effet, hier, aux environs de 11h, près d’une centaine d’élèves, en majorité des garçons, sont sortis dans la rue crier leur «désarroi». Venus d’établissements du secondaire des deux localités d’El Harrach et de Bab Ezzouar, en direction de l’annexe du ministère de l’Education nationale, sise à Ruisseau (Hussein-Dey), les manifestants ont parcouru tout un tronçon de la route Moutonnière, perturbant ainsi le trafic automobile. Devant le bâtiment du département de Boubekeur Benbouzid, ils ont tenu un rassemblement de plus d’une heure et ont insisté sur leur demande d’allègement des programmes et la limitation du seuil des cours à prendre en compte pour leurs révisions prochaines. Les élèves se sont dispersés dans le calme mais rien n’indique qu’il n’y aura pas de reprise de la protestation, aujourd’hui même ou les jours à venir. Et ce, aussi bien dans la capitale que dans les autres wilayas du pays, comme cela s’est produit en 2008/2009. Aidés en cela par l’utilisation massive du réseau social Facebook, le mouvement contestataire pourrait prendre toute une autre tournure. Légitimes ou non, les doléances des jeunes lycéens doivent être prises en considération par tous. Contacté par téléphone, le président de l’Association des parents d’élèves de la wilaya d’Alger, Ahmed Khaled, a affirmé son désaveu de l’action entreprise par les candidats au prochain examen du baccalauréat. «Je suis contre ce mouvement contestataire. Je condamne ces actes», a-t-il dit, justifiant sa position par le fait que le programme de l’année 2011-2012 est déjà allégé en comparaison avec celui de l’année précédente : «J’ai les copies du nouveau programme allégé.» Aussi, «ce n’est pas le moment de parler de seuil puisqu’on est juste au début du deuxième trimestre». Par ailleurs, Ahmed Khaled estime qu’au lieu de militer pour un niveau meilleur du baccalauréat, ces sorties des élèves donnent un résultat contraire : «Cela discrédite davantage l’examen du baccalauréat». En revanche, notre interlocuteur plaide pour un report de l’examen à la date du 15 juin : «Nous demandons à ce que cet examen soit reporté au 15 juin.» Une demande qui doit profiter particulièrement aux élèves des wilayas du Sud «à cause des intempéries et autres événements subis ces derniers mois». A défaut, «nous demandons une deuxième session spéciale pour les candidats du Sud». De leur côté, des enseignants et autres proches du domaine éducatif considèrent que le problème n’est ni dans les programmes ni dans la contestation juvénile qui reprend de plus belle : «Le problème est dans tout le système. C’est tout le système qui est à revoir… Les réformes ont montré leurs limites.» D’autres pensent que c’est le volume horaire imposé aux élèves qui est à l’origine de la vulnérabilité du système éducatif : «Faire travailler les enfants de 8h à 17h, 5 fois sur 7, c’est une corvée…» C’est d’autant plus un fardeau que la plupart des élèves recourent à des cours de soutien, dans les établissements et en dehors des établissements. Des cours très souvent chèrement payés pour les familles qui peinent déjà à joindre les deux bouts. Ce sont là les vrais problèmes de l’Education nationale en Algérie et non pas le «seuil» des programmes à réviser. Un concept nouvellement introduit dans le vocabulaire des candidats au baccalauréat et qui ne devrait pas l’être. «On a jamais entendu parler de ce qu’ils appellent aujourd’hui seuil», affirment d’anciens candidats avec une note de désappointement.