Des dizaines de milliers d’Européens ont gagné les rues de Londres, Berlin ou Rome pour marquer leur attachement à l’Union des 28, aujourd’hui fragilisée par le Brexit britannique qui débute officiellement mercredi 29 mars.
A Londres, sous un beau soleil et avec pour mots d’ordre « Unis pour l’Europe » et « Faites entendre votre voix, arrêtez le Brexit », 80.000 personnes, selon les organisateurs, ont foulé les rues malgré les mesures de sécurité renforcées après l’attentat de mercredi devant le Parlement.
Parés de nombreux drapeaux européens bleus aux étoiles dorées, ils brandissaient une multitude de pancartes où l’on pouvait notamment lire: « Demain les montres reculent d’une heure. Mercredi, elles vont reculer de 40 ans », « Le terrorisme ne va pas nous diviser, le Brexit si », « J’ai 15 ans, je veux qu’on me rende mon avenir » ou « Nous n’avons pas peur ».
Des milliers de manifestants à Londres contre le Brexit, le jour des 60 ans du Traité de Rome
80.000 personnes dans les rues de Londres.
Une minute de silence a été observée à Parliament Square où d’innombrables bouquets de fleurs ont été déposés, en hommage aux quatre personnes tuées mercredi et à la cinquantaine de personnes blessées par Khalid Masood, un Britannique de 52 ans qui a fauché plusieurs personnes avec sa voiture sur le pont de Westminster avant de poignarder à mort un policier devant le Parlement.
A Rome, plus de 10.000 personnes ont défilé sous un franc soleil et dans une ambiance bon enfant au son de « Bella Ciao » en direction du Colisée. Les manifestants marchaient sous les couleurs rouge et vert de « Notre Europe », en faveur d’une union libérée des murs, de l’austérité et du racisme.
« L’UE, ‘mon idéal politique »
« C’est le 60e anniversaire d’un traité qui s’est fait quand j’avais 15 ans. Je suis une fille de la guerre et ce grand mouvement européen est devenu mon idéal politique », a expliqué Catherine Chastenet, une retraitée parisienne de 74 ans. Environ 6.000 personnes selon les organisateurs ont également défilé à Berlin jusqu’à la Porte de Brandenburg. Cette « marche pour l’Europe » se voulait apolitique, une célébration de « l’idée de l’Europe ».
Des pancartes « Encore plus d’Europe », « l’UE n’est pas morte », « mieux ensemble » étaient brandies par la foule. « 2016 a été une année terrible pour l’Europe et le monde, nous allons faire de 2017 l’année de l’espoir, l’année des peuples qui se lèvent et disent ‘c’est notre Europe’ », ont scandé les organisateurs encadrés par des DJ mixant de la musique techno à plein volume.
A Bruxelles, 600 personnes seulement se sont réunies à proximité du Parlement européen en début d’après-midi.
Une Europe en pleine tempête
En Pologne, dans des dizaines de villes du pays, les manifestants s’étaient donné rendez-vous à midi pour chanter « l’Ode à la joie » de Beethoven, hymne officiel de l’UE. Les Polonais sont majoritairement europhiles, les sondages montrent de façon récurrente que 80% des Polonais soutiennent l’appartenance à l’UE, vue comme une source de croissance économique.
C’est une Europe en pleine tempête qui célèbre son 60e anniversaire face aux vents de la discorde, du doute et de la défiance populaire. Brexit, mais aussi vagues migratoires, marasme économique, attentats terroristes et repli identitaire: conçue à six pour reconstruire l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, l’Union à 27 traverse la pire crise de son histoire.
Les dirigeants européens ont affirmé samedi à Rome leur volonté de se remobiliser, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker promettant qu’ »il y aura un 100e anniversaire de l’UE ».