Leurs assassins ont agi froidement, ne pensant qu’à assouvir une vengeance ou à soutirer d’importantes sommes d’argent, comme si la vie d’un être humain, d’un enfant, pouvait se monnayer, faire l’objet d’une transaction ou tout simplement être la cible de pulsions sadiques.
L’Algérie est sous le choc. L’enlèvement de la petite Nihal, tout en provoquant le traumatisme, immense, de ses parents, de ses proches, a sans doute réveillé celui qu’ont connu d’autres familles qui ont vécu le même drame. L’angoisse d’une attente interminable sous-tendue par le fol espoir de voir revenir sains et saufs leurs enfants. Les prendre dans leurs bras, les étreindre à n’en plus finir et lâcher un torrent de larmes pour enfin se libérer de cette boule au fond de la gorge qui les étouffait. Les séquelles resteront cependant là, enfouies à jamais dans leur mémoire. Une plaie ouverte dans le coeur de chaque Algérien qui aura compati à la douleur et à la souffrance endurées par leurs mères, leurs pères, leurs frères et soeurs, leurs grands- parents, leurs tantes, leurs oncles…mais surtout au calvaire subi par ces petits anges martyrisés qui ont à peine ouvert leurs yeux au monde, qui ne pensaient qu’à rire, à jouer. Des monstres ont décidé de stopper net cet hymne à la vie.
Ils s’en sont pris à Nihal, Chaïma, Abderrahim, Anès, Haroun, Ibrahim et les autres. Les fossoyeurs de l’innocence ont agi froidement. Ne pensant qu’à assouvir une vengeance ou à soutirer d’importantes sommes d’argent, comme si la vie d’un être humain, d’un enfant, pouvait se monnayer, faire l’objet d’une transaction ou tout simplement être la cible de pulsions sadiques. Des phénomènes étrangers à notre culture, à notre société jusqu’à ces dernières années. Il faut croire qu’ils s’y sont désormais ancrés. Tapis dans les bois, ces loups, ces prédateurs sortent du bois et de leur tanière et fondent sur des proies faciles, exploitant leur innocence pour mettre en oeuvre leurs desseins pervers. Avec au bout et pour épilogue de leurs sinistres projets: la mort. Une mort parfois atroce, d’une violence inouïe. Sauvage, féroce, violente qui montre que le sadisme de ces barbares n’a pas de limites. Qu’aucune moindre trace d’humanité n’existe en eux. Métamorphosés en machine à tuer, ils assassinent l’innocence.
Comme l’aurait fait une bête sauvage assoiffée de sang. Plusieurs cas d’enlèvements d’enfants confirment ce type de constat. Ce fut le cas d’Ibrahim et de Haroun âgés respectivement de neuf et dix ans, résidant à Ali-Mendjeli, la Nouvelle-Ville de Constantine disparus un 9 mars 2012. Ils seront retrouvés trois jours plus tard. Sans vie. Affreusement mutilés. Les corps sans vie des deux enfants avaient été finalement découverts dans un chantier, à l’unité de voisinage n° 17 de la Nouvelle-Ville. Cet acte odieux avait soulevé une profonde indignation à Constantine et à travers tout le territoire national. Leurs bourreaux âgés de 38 et de 21 ans, ont été condamnés à la peine capitale par le tribunal criminel de la ville des Ponts. Une sentence qui n’empêchera pas, ne découragera pas leurs «semblables» à passer à l’acte un peu plus de quatre mois après. Le 19 décembre 2012, dans la soirée, la petite Chaïma fut enlevée devant le domicile familial à Mahelma dans la daïra de Zéralda à l’ouest d’Alger.
Elle a été enlevée par des inconnus qui ont frappé à sa porte. Ses parents n’ont même pas eu le temps de réagir. Son corps tout frêle, violenté, a été retrouvé deux jours plus tard non loin du cimetière de son lieu de résidence. La peine capitale a été prononcée contre son assassin le 8 juin dernier par le tribunal criminel près la cour de Tipasa. Le criminel a avoué que le rapt de Chaïma avait été planifié par trois individus qui voulaient se venger de son père. La liste est longue et ce type de crimes prend de l’ampleur. Le kidnapping de la petite Nihal Si Mohand est loin de la clore. On craint un dénouement dramatique de cette affaire. 195 enfants ont été enlevés en 2014 alors que de la période allant de janvier à fin août 2015, 52 autres gamins ont été kidnappés et violés par des criminels selon un bilan rendu public, en octobre 2015, par des spécialistes qui participaient à un forum organisé à Alger par le quotidien Al-Mihwar. Plus de 1000 enlèvements ont été enregistrés depuis une dizaine d’années, Alger occupant la première place du podium, suivie de Sétif et Annaba. Des chiffres à glacer le dos.