A quoi servent les discussions entrel’Algérie et l’Union européenne si elles ne permettent pas le règlement de la question de l’octroi des visas aux hommes d’affaires algériens?», s’interroge la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA).
Cette organisation patronale, membre de la tripartite, s’insurge contre «les affronts que subissent présentement les opérateurs économiques algériens auprès des représentations consulaires européennes à Alger» et dénonce «une atteinte flagrante à la souveraineté nationale préjudiciable à toute forme de business», selon une note d’information interne de la CIPA.
Invité à nous donner plus d’explication à ce sujet, le président de la Confédération, M. Abdelaziz Mehenni, exprime son étonnement de voir «tant d’obstacles» de la part de la partie européenne et demande explicitement à la partie algérienne «de faire preuve de réciprocité» dans l’attribution des visas aux opérateurs économiques de l’UE. Selon M. Mehenni, lorsqu’il est octroyé à un opérateur économique algérien, un visa d’affaire n’est valable que pendant un mois, pour une seule entrée, et un séjour d’une semaine à 15 jours.
«Ce qui est loin d’être suffisant pour entamer une relation d’affaires avec d’éventuels partenaires européens. Il faut souvent effectuer plusieurs déplacements avant de pouvoir conclure», ajoute notre interlocuteur. A cela, il faut ajouter «les innombrables justificatifs que nous exigent les services consulaires». «Ils ont poussé le bouchon tellement loin qu’ils n’hésitent pas à demander une mise à jour CNAS/CASNOS et même un relevé détaillé de nos comptes bancaires», précise encore le président de la CIPA.
Selon lui, il y a «ségrégation» car cette procédure est «spécialement appliquée à l’Algérie et non pas aux hommes d’affaires de nos voisins tunisiens et marocains».
Pour la CIPA, la réciprocité s’impose et les pouvoirs publics sont appelés à appliquer la même démarche aux demandes de visas des partenaires européens. «Je me demande comment réagiraient les opérateurs économiques européens si les représentations consulaires algériennes exigeaient des relevés bancaires et les états de cotisations sociales», s’interroge Mehenni. La note d’information de l’organisation patronale va plus loin en considérant que «les représentations consulaires en Algérie semblent s’être donné le mot pour décourager toute initiative de rapprochement entre les hommes d’affaires des deux communautés».
Et face à ces barrages consulaires des pays de l’UE, la CIPA constate que, «paradoxalement, les missions économiques des ambassades asiatiques multiplient les encouragements à l’octroi de visas longs séjours aux hommes d’affaires algériens, et même pour leurs familles, pour une visite de prospection en vue de l’établissement d’un partenariat».
La CIPA se demande à quoi auront servi les «journées d’études, les rencontres internationales de relations d’affaires et autres manifestations à caractère économique organisées en Algérie». A noter toutefois, qu’à plusieurs reprises, des opérateurs économiques européens avaient eux aussi critiqué la politique algérienne d’octroi de visas d’affaires.
Mohamed Mehdi