L’instruction du ministre de l’Intérieur relative à la concession des plages durant la saison estivale en cours a été appliquée à la lettre dans la wilaya d’Annaba, se doit-on de reconnaître, même si les mesures qu’elle prône n’ont pas touché certaines d’entre celles-ci.
Les mesures préconisées par Noureddine Bedoui en ce sens, dans le but de mettre un terme aux défaillances et dépassements récurrents, qui pénalisaient le citoyen par le passé, en le privant du droit élémentaire d’accéder gratuitement aux 21 plages publiques ouvertes officiellement à la baignade et de jouir pleinement de ces espaces, semblent avoir été suivies d’effet par le wali d’Annaba et les élus locaux. Il y a lieu de signaler que l’ouverture de la saison estivale, qui a coïncidé, cette année, avec le début du mois de Ramadhan a grandement facilité la tâche des maires chargés en premier chef de l’application de ladite circulaire.
Les plages étant restées pratiquement désertes, du moins durant la journée, tout au long de la période de jeûne, il a, en effet, été loisible aux édiles et aux services de sécurité, police et Gendarmerie nationale de peaufiner la mise en place de l’organisation souhaitée par le ministère de l’Intérieur en prévision du grand rush des vacanciers. Le maire d’Annaba, Farid Merabet, qui se réjouissait, il y a quelques jours, de la quiétude qui prévaut au niveau de la dizaine de plages qui dépendent territorialement de sa commune, dont celles de la Corniche, explique que la note adressée aux walis par leur hiérarchie n’était pas rigide puisqu’elle permet aux autorités locales d’accorder aux opérateurs privés un droit temporaire d’occupation d’un local ou d’une superficie juste nécessaire pour le dépôt des équipements de plage, à savoir les tables, les chaises et les parasols qu’ils pourront louer sans toutefois leur donner la possibilité de les installer préalablement sur le rivage.
“C’est ce que nous avons fait à notre niveau pour les plages intra-muros de la ville et pour celles de Toche et Aïn Achir, pour ne citer que celles-là. Nous avons délimité des petites zones dans chacune d’entre celles que nous avons louées aux plagistes traditionnels, pour la plupart des jeunes riverains, à raison de 20 000 DA chacun pour la saison, ceci en les sommant de ne pas s’aventurer sur les espaces beaucoup plus grands, qui ont été réservés aux estivants munis ou non d’équipements. Et ça marche parfaitement, puisque nous n’avons eu à intervenir qu’en de rares occasions pour rappeler à l’ordre des plagistes récalcitrants qui ont tenté de déborder sur les espaces dédiés aux familles”, a assuré Farid Merabet, en prenant à témoin les éléments des services de sécurité et ceux de la Protection civile.
Lorsque l’on a abordé la question des plages et des portions de plages concédées à certains opérateurs privés exerçant sur le littoral, à l’instar de deux établissements se prolongeant sur la plage Belvédère, pour lesquels la circulaire du ministre de l’Intérieur n’est pas appliquée du tout et où tout est payant depuis le parking pour automobiles jusqu’à la chaise de plage, le maire d’Annaba sera moins éloquent.
Élusif, il a préféré nous inviter à nous rapprocher des services des domaines, qui géreraient ce dossier particulier, qui lui échappe parce que relevant du domaine maritime, dira-t-il. Il est de notoriété publique pourtant, à Annaba, que les deux ou trois établissements qui exploitent cette plage comme s’il s’agissait d’un bien strictement privé ne sont pas répertoriés comme étant des hôtels ou des complexes touristiques et que même si c’était le cas, il tomberaient sous le coup de la circulaire de Noureddine Bedoui, qui limite la dimension des espaces à concéder.
Renseignement pris, il s’est avéré que seuls l’hôtel Rym El-Djamil et le complexe Bouna Beach détiennent des autorisations légales, et ce, depuis de longues années.
Les exploitants resquilleurs cités plus haut et le directeur des domaines de la wilaya d’Annaba étant injoignables, il n’a pas été possible de vérifier comment cette plage est devenue une zone de non-droit, où des plagistes hors la loi exercent leur diktat à des citoyens qui n’ont, en fait, que leurs yeux pour pleurer.