Des syndicats rejettent la charte d’éthique de Benghebrit, Menace de grève à l’école

Des syndicats rejettent la charte d’éthique de Benghebrit, Menace de grève à l’école

Le sort de la charte de stabilité et d’éthique a été remis en cause. Uniquement deux syndicats de l’éducation ont enrichi le texte de son application. Deux autres syndicats ont refusé de la ratifier en raison de ce qui est qualifié de «climat de méfiance» entre la tutelle et le partenaire social.

Le spectre de la grève comme chaque année plane sur le secteur de l’Education nationale et risque de plonger l’Ecole algérienne dans une longue instabilité.

Lors d’une conférence de presse animée à l’issue d’une journée d’étude consacrée à la violence en milieu scolaire et les cours particuliers, Nouria Benghebrit a affirmé que deux syndicats ont enrichi le texte. Cependant, la ministre s’est dit «confiante» quant à la bonne foi de ceux qui veulent signer, ce qui signifie, selon elle, que «nous sommes d’accord pour aller vers une école de qualité». Concernant la position du Conseil national autonome des professeurs du secondaire et technique (Cnapest) qui a exprimé son refus de signer la charte, Benghebrit a noté que «ce syndicat est libre de se démarquer».

«Mais nous sommes un peu atterrés que des syndicats puissent remettre en cause une disposition fondamentale qui est la mise en place d’un consensus entre nous», a-t-elle commenté, ajoutant que cette «charte est le consensus sur la base duquel doit travailler la communauté du secteur. Ce syndicat a décidé de ne pas signer la charte d’éthique soumise à débat par le ministère de l’Education nationale en estimant que sa priorité était de satisfaire les revendications en suspens et l’ouverture de négociations au niveau local et national pour appliquer le droit du travail.

Le CLA auparavant, lui aussi, a refusé de signer, le 19 octobre dernier, la déclaration d’intention précédant la charte. Son porte-parole a fait savoir que «si son syndicat signe un tel document, cela signifie qu’il doute de son éthique et de sa déontologie ». Le syndicat a préféré mettre à exécution sa décision, annoncée le 6 novembre, d’organiser une journée de grève le mercredi 18 novembre pour contester contre le pouvoir d’achat des fonctionnaires qui a baissé de plus de 25% en 2015 et que la baisse atteindra les 50% avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de finances.

Comme solution, le CLA a réclamé «la création et l’installation d’un Observatoire national autonome de suivi du pouvoir d’achat à travers une politique salariale mobile et indexée qui permettra de voir la réalité des prix sur le marché».

Le CLA a critiqué aussi la remise en cause des différentes formes de retraite (retraite anticipée, proportionnelle et celle après 32 ans de service effectif) et le prolongement de l’âge de départ à la retraite de 60 ans à 65 qui a poussé, selon lui, à des départs massifs à la retraite, soulignant que le secteur de l’éducation a enregistré plus de «25 000 demandes de départ à la retraite».

Sur ce point, Nouria Benghebrit a exprimé son «regret» quant à cette menace qui coïncide avec la mise en oeuvre des acquis en faveur des travailleurs de l’éducation, soulignant toutefois qu’il s’agit d’un «droit constitutionnel». «Nous le regrettons, car il intervient au moment ou nous mettons en oeuvre – entre octobre et décembre – les acquis du secteur de l’éducation. Nous n’avons pas encore fini et il se trouve déjà des parties qui menacent de recourir à la grève», a-t-elle regretté. «On est en droit de se poser des questions», a-t-elle soutenu.

Selon Mme Benghebrit, la menace de grève est injustifiée. Selon elle, le ministère dispose d’un «protocole » qui existe dans le Code du travail qui lui permet de prendre des dispositions lorsqu’il reçoit un préavis de grève, pour arriver à des négociations, «si celles-ci ne donnent rien, nous avons d’autres techniques», a-t-elle explicité, soulignant que son département applique les lois de la République. Par la même occasion, elle a rappelé que toutes les décisions prises en faveur des travailleurs de l’éducation seront appliquées d’ici à décembre, relevant qu’un travail «titanesque» est en train de se faire, notamment «la numérisation de tous les actes de gestion, ce qui prend du temps».

L.A.R.