Desailly croit en l’Algérie

Desailly croit en l’Algérie

«Pour la confiance, l’Algérie doit gagner son premier match. »

«Contre l’Angleterre, la différence pourrait se faire sur une erreur. »

«J’aurais aimé être présent avec Zidane et Deschamps au tournoi

d’Alger. »

Même s’il n’est plus joueur à Chelsea depuis qu’il a pris sa retraite du haut niveau, Marcel Desailly est toujours très apprécié à Stamford Bridge, que ce soit par les fans ou les joueurs.

Par exemple, le capitaine actuel de Chelsea, John Terry, a aiguisé ses armes de défenseur central à ses côtés. C’était à l’époque où les Blues, entraînés par Gianluca Vialli, constituaient l’équipe capable du meilleur en Angleterre et en Europe sans les sous de Roman Abramovich. C’est ainsi qu’il était à Stamford Bridge pour le match du sacre de Chelsea en championnat, à l’occasion de la dernière journée de Premier League. Il a joint l’utile à l’agréable : faire son travail de consultant et fêter le titre en compagnie d’un club avec lequel il garde de fortes attaches.

Il aime Chelsea aussi pour ses Africains

En plus d’avoir des liens solides avec ses anciens coéquipiers à Chelsea, Desailly apprécie aussi Chelsea du fait que c’est le seul grand club européen où pas moins de quatre titulaires sont des Africains : Obi Mikel (Nigeria), Michael Essien (Ghana), Didier Drogba et Salomon Kalou (Côte d’Ivoire).

N’ayant jamais renié ses origines africaines, surtout qu’il est né au Ghana, l’ancien international français est un défenseur acharné du développement du football dans le continent. C’est à ce titre qu’il suit l’évolution de tous les joueurs africains qui évoluent en Europe, entre autres les internationaux algériens.

La Cup, une petite répétition avant Angleterre-Algérie

Il faut dire que la finale de la Cup a été symbolique, en perspective de la Coupe du monde, quand on sait qu’elle a opposé Chelsea à Portsmouth, soit l’équipe championne d’Angleterre qui compte quatre internationaux en son sein (Ashley Cole, John Terry, Frank Lampard et Joe Cole), et Portsmouth, bon dernier du championnat, et donc relégué où deux internationaux algériens évoluent : Nadir Belhadj et Hassan Yebda. Ce qu’on a considéré comme étant une petite répétition du match du Mondial entre l’Angleterre et l’Algérie, surtout au niveau des duels.

L’Algérie, il y croit

Desailly suit bien le football algérien. Du moins, il a regardé les derniers matchs des Verts dans leur campagne de qualification pour la Coupe du monde. Il sera donc l’un des grands observateurs des prestations des Algériens. Ayant publiquement affirmé que l’Afrique a une bonne opportunité de s’affirmer lors de ce Mondial, il sera l’un des farouches supporters des sélections africaines en Afrique du Sud. C’est donc en connaisseur qu’il a accepté de nous accorder cette interview.

«Pour la confiance, l’Algérie doit gagner son premier match»

Le club de Chelsea, avec lequel vous aviez joué par le passé, vous manque-t-il ?

J’ai passé ici des années inoubliables. Je viens souvent à Londres dans le cadre de mes missions professionnelles avec Canal+. Donc, je suis toujours en contact avec mes anciens coéquipiers. Aujourd’hui, il faut rendre hommage au football africain très présent à Chelsea et qui fait souvent la différence.

Cette saison, Chelsea a battu plusieurs records : nombre de buts inscrits en une saison depuis la création de la Premier League, Didier Drogba qui remporte le Soulier d’Or de meilleur buteur d’Europe et un score inédit en match de dernière journée, 8-0, contre Wigan…

Même si Chelsea a raté la Ligue des champions, il possède un groupe de joueurs qui a mérité d’être champion d’Angleterre et d’avoir remporté la Cup. Cette équipe a inscrit 103 buts en championnat cette saison, ce qui est phénoménal !

Drogba a démontré qu’il est l’un des meilleurs attaquants au monde. Sa joie était visible lorsque vous l’avez interviewé…

Didier est exceptionnel. Il le montre saison après saison. Il a bien mérité le Soulier d’Or avec son total de 29 buts cette saison. J’espère qu’il gardera cette belle forme avec sa sélection pour la Coupe du monde.

En parlant du Mondial, nos lecteurs aimeraient bien savoir ce que vous pensez du groupe C, celui où figurent l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Algérie et la Slovénie…

C’est un groupe compliqué. Si les Anglais arrivent à se mettre bien en place sous la conduite de Fabio Capello, ça va être intéressant. Les Slovènes sont les inconnus de ce groupe. Ils ont des joueurs dotés de bonnes qualités techniques et qui, de surcroît, jouent bien collectivement. Les Américains sont plutôt compacts et durs à percer. Donc, s’ils veulent passer au deuxième tour, les Algériens doivent absolument bien commencer le tournoi, ne serait-ce que pour prouver qu’ils n’ont pas éliminé les Egyptiens pour rien. Il faut un bon départ avec de la confiance parce que, même si les joueurs de l’Algérie ne sont peut-être pas connus à l’échelle internationale, ils sont techniquement et collectivement très bons.

Donc selon vous, il faudra gagner le premier match et ne pas craindre les Anglais lors du deuxième…

Tout dépendra du premier match. Dans ce genre de compétition, c’est la confiance qui fait la différence. Il faudra se méfier des Anglais et éviter de commettre trop d’erreurs contre eux. Je peux même dire que la différence pourrait se faire sur une petite erreur. Il faut juste que l’Algérie joue du haut tempo avec confiance. On l’a vu sur certains matchs : le potentiel est là. L’équipe joue avec enthousiasme, mais quand tu joues avec trop d’enthousiasme, tu commets aussi des fautes. Il faut une balance pour trouver le juste équilibre.

Dans la sélection algérienne, il y a des joueurs blessés et d’autres qui n’ont pas joué avec leur club depuis des mois. Vous qui avez déjà disputé et remporté une Coupe du monde, pensez-vous qu’on peut jouer une telle compétition dans cet état ?

Tout dépend de la qualité de la préparation. Quand tu n’as pas joué depuis un certain temps, tu as besoin d’être boosté en effectuant une préparation spécifique. Pour les joueurs qui arrivent en stage avec un manque de matchs, il leur faut un programme de remise à niveau pour les mettre au même degré que leurs coéquipiers afin d’éviter des déséquilibres au sein du groupe. Il faut du tonus et du dynamisme lors du premier match, car toute la participation au Mondial en dépendra. Il faut des joueurs costauds.

Quels conseils donneriez-vous à Rabah Saâdane avant d’entamer la compétition ?

La gestion de la pression. Au-delà de l’aspect physique, c’est la gestion de la pression qui sera capitale. Il faut mettre les joueurs à l’aise afin qu’ils entament les matchs dans les meilleures conditions mentales. Il faut les aider à s’exprimer sur le terrain sans trop de pression.

Récemment, vos anciens coéquipiers de l’équipe de France vainqueurs de la Coupe du monde 1998 ont participé à un tournoi de Futsal en Algérie contre des sélections algériennes, mais vous n’y étiez pas. Peut-on savoir pourquoi ?

J’étais en voyage en dehors de la France pour des raisons professionnelles. J’aurais bien aimé être avec eux. Je sais qu’ils ont passé de très bons moments dans un pays du football.

En avez-vous discuté avec Zinédine Zidane, Didier Deschamps ou un autre ancien coéquipier ?

Oui, j’en ai parlé avec Didier. Il m’a tout raconté. Je sais que tout le monde s’est régalé. L’Algérie est un pays passionné de football et ça fait plaisir de voir cette passion s’exprimer à travers la sélection algérienne dans son parcours des éliminatoires pour la Coupe du monde.