Adlène Badis
Dans un contexte inédit de crise politique aiguë, la justice algérienne semble entamer une phase particulièrement intense de son activité. Jamais probablement depuis l’indépendance, ce département important du fonctionnement de l’Etat n’a eu à activer de la sorte, ayant à traiter plusieurs affaires en même temps qui touchent des dizaines de hautes personnalités de l’Etat au sommet du pouvoir il y a peu.
Dans ce contexte d’effervescence, le ministre de la Justice désigné depuis le 31 mars dernier Slimane Brahmi a présidé, hier à Alger, la cérémonie d’installation du nouveau Premier président de la Cour suprême, Abderrachid Tabi. Cette cérémonie, qui a eu lieu au siège de la Cour suprême, a vu également l’installation du Procureur général, Abderrahim Madjid. Ainsi Abderrachid Tabi remplace au poste de Premier président de la Cour suprême Slimane Boudi, qui occupait ce poste depuis 2013 et Abderrahim Madjid, Procureur général près la Cour suprême, remplace Benabid El Ouardi à ce poste important notamment dans cette période d’ébullition. Selon une bio diffusée par l’APS, Abderrachid Tabi, âgé de 59 ans, est diplômé de l’Ecole nationale d’administration en 1983 et titulaire du diplôme de l’Ecole nationale d’administration publique de Québec (Enap) au Canada.
Il a occupé les postes de Secrétaire général du tribunal militaire de Blida (dans le cadre du service national), de procureur de la République près plusieurs tribunaux (Sidi Aissa, Sour El Ghozlane, Boussaâda et Bouhadjar), de Procureur général adjoint près la Cour de Sétif, de directeur du personnel de rééducation au ministère de la Justice, de chef de cabinet du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, de Procureur général près les Cours d’Oum El Bouaghi et de Bouira et avocat général et Procureur général adjoint près la Cour suprême. Le nouveau Premier président de la Cour suprême a appelé lors de son installation à l’intensification des efforts et à l’unification des rangs en vue de réaliser les aspirations du peuple qui aspire à vivre « au sein d’une société juste régie par un pouvoir judiciaire indépendant ».
« Les grands défis qui se posent au secteur de la Justice en cette période nous interpellent, nous magistrats, fonctionnaires et auxiliaires de Justice, notamment le collectif de défense, quant à l’impératif d’intensifier les efforts et d’unifier les rangs pour être à la hauteur des aspirations du peuple qui a exprimé son souhait de vivre au sein d’une société de justice, ambition légitime, régie par un pouvoir judiciaire indépendant dont tous les membres doivent faire preuve d’éthique et mener à bien, chacun en ce qui le concerne, les rôles qui leur sont assignés », a souligné Tabi à cette occasion. Par ailleurs, le Premier président de la Cour suprême a exprimé sa « pleine disponibilité » à servir la Justice, le mieux qu’il peut, indiquant que «l’indépendance du pouvoir judiciaire est désormais une revendication sociale par excellence». Il a noté que «la période sensible et cruciale que traverse le pays se veut une étape décisive à travers laquelle le citoyen aspire à l’édification de l’Etat de droit ».