Détenu depuis janvier, un otage britannique a été exécuté par les groupes islamiques liés à Al-Qaida

Détenu depuis janvier, un otage britannique a été exécuté par les groupes islamiques liés à Al-Qaida

Pour la première fois depuis sa création en 2003, la nébuleuse d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a exécuté un otage occidental. L’annonce en a été faite, mercredi 3 juin, sur un site islamiste avant d’être confirmée par des experts occidentaux de la lutte antiterroriste.

La victime est Edwin Dyer, un ingénieur britannique de soixante ans capturé avec plusieurs autres personnes, fin janvier, au Sahara dans la zone frontalière dans l’extrême nord-est du Mali et du Niger.

« Il y a de fortes raisons de croire qu’un citoyen britannique, Edwin Dyer, a été assassiné par une cellule d’Al-Qaida », a indiqué le même jour aux parlementaires le premier ministre britannique, Gordon Brown, avant de dénoncer un acte « épouvantable et barbare ».

Il semble que M. Dyer a été exécuté dimanche à l’expiration de l’ultimatum fixé par Al-Qaida aux autorités britannique. La mouvance islamique entendait échanger l’otage britannique contre Abou Qatada « al-filistini »(« le Palestinien »), un islamiste radical détenu en Grande-Bretagne depuis 2005 et présenté par les autorités britanniques comme le bras d’Oussama Ben laden en Europe.

« Cette tragédie renforce notre engagement à combattre le terrorisme (et) renforce notre détermination à ne jamais accepter les demandes des terroristes ou à verser des rançons », a assuré M. Brown.

M. Dyer avait été kidnappé le 22 janvier avec deux Suisses et une Allemande alors qu’ils revenaient d’un festival de culture nomade à Anderamboukane, une ville malienne proche de la frontière nigérienne. Les trois véhicules à bord desquels ils se trouvaient avaient été interceptés par des rebelles touaregs armés. Ces derniers s’étaient d’ailleurs livrés à un simulacre d’exécution à l’encontre du cuisinier du groupe de touristes avant de le libérer.

Peu après, les ravisseurs touaregs avaient livré leurs otages au groupe terroriste lié à Al-Qaida. A l’issue de longues tractations menées par des intermédiaires du Mali et du Burkina Faso, une otage allemande, âgée de 72 ans, allait être libérée ainsi que l’épouse de M. Dyer, de nationalité suisse. Des rançons ont, semble-t-il, été versées en échange et des combattants islamistes libérés.

Le groupe islamiste détient donc toujours le quatrième membre du groupe, le Suisse WernerGreiner. Les inquiétudes à son sujet sont d’autant plus vives que le chef du groupe de l’AQMI a été décrit par l’un des négociateurs maliens comme un homme « brutal et violent ». Il s’agirait d’un Algérien, Abdelhamid Abou Zeid, un proche de l’ex-émir du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu en 2003 l’AQMI.

EN TOUTE IMPUNITÉ

Les groupes islamistes sont de plus en plus actifs au Sahara. Ils opèrent dans une immense zone grise du Sahara qui part de l’est de la Mauritanie et englobe le nord du Mali et du Niger ainsi qu’une portion du Sahara algérien.

Même si les effectifs de l’AQMI ne dépassent pas quelques centaines d’hommes, selon les services de renseignements occidentaux, ils agissent en toute impunité. Les forces armées locales de ces pays pauvres ne disposent pas des moyens humains et matériels à même de les combattre avec efficacité. Et ce malgré le soutien de l’Algérie, la puissance militaire régionale.

Faute de pouvoir intervenir en territoire malien, l’armée algérienne fournit depuis des années à son voisin des équipements militaires ainsi que du carburant. Jusqu’à présent, cette aide n’a pas donné de résultats probants dans la lutte contre les groupes islamistes.