Des « fraises sélectionnées » à la glorification démesurée d’un joueur de football célébrant un but avec le drapeau palestinien, la campagne électorale pour les élections législatives du 12 juin s’est fondue dans un populisme extrême, éludant les questions essentielles de la réalité politique du pays, notamment la question des détenus d’opinion.
Si cette question a été effleurée lors d’un meeting électoral du président de MSP Abderrazak Makri, qui a promis, en cas de victoire, d’appuyer la libération des détenus d’opinion, comme mesure d’apaisement, la quasi-majorité des autres candidats et leaders de partis n’ont pas trouvé judicieux de l’aborder, encore moins de se montrer solidaires.
Pis encore, y en a parmi les candidats qui ont carrément tenté d’éviter la question en affirmant ne pas « avoir tous les éléments sur la situation de chaque détenu » d’autant que « leurs affaires sont actuellement traitées au niveau de la justice ». C’est ce qu’a affirmé le candidat de Jil Jadid Younes Saber Chérif dans un entretien accordé à Algérie360.
Selon lui, « en tant que candidat aux élections législatives, mon statut est bien défini et mon avis importe peu et n’aura aucun impact sur la question ». Serait-il plus judicieux de rappeler ici, ne serait-ce que, les multiples appels des collectifs de défense des détenus d’opinion et du Hirak qui ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur la situation ?
Le populisme stérile d’une compagne carnavalesque
Alors que le pays a son lot de soucis et de crises (politiques, économique et sociale), qui devront pourtant être au centre des débats d’une campagne électorale qui se respecte, les candidats engagés dans la course à la députation préfèrent éluder tout cela pour se verser dans un populisme stérile, qui ne risque de convaincre personne.
L’histoire n’a donc pas grand-chose à retenir de cette campagne, excepté bien sûr les déclarations du Secrétaire général du Front de la bonne gouvernance (FBG) Belhadi Aissa, qui a comparé des femmes candidates aux législatives à de la fraise fraiche. Ou encore la glorification de la célébration de Riad Mahrez d’un but avec un drapeau palestinien. Un geste de solidarité qui est tout à fait salutaire, mais a-t-il sa place dans une campagne électorale ?
Il convient également de noter que plusieurs candidats et présidents de partis, pour la plupart de la mouvance islamiste, refusent carrément des entretiens sollicités par des médias en ligne, sous prétexte de leurs programmes chargés. S’agit-il plutôt d’une fuite en avant pour éviter de tomber dans l’embarras de questions qui ne leur caressera pas dans le sens du poil ?