Bouteflika est mort. Saïd Sadi ne décolère pas. Celui qui a siégé au parlement de 2007 à 2012 n’a pas hésité à contester la décision des autorités de consacrer des obsèques officielles et un deuil national au président déchu. Dans un texte rédigé à l’arrache, contrairement à ce qu’il a l’habitude d’écrire, Saïd Sadi, explique son point de vue.
L’ancien homme fort de l’Algérie, resté à sa tête pendant 20 ans, est mort dans la nuit du vendredi dernier. Il a été inhumé aujourd’hui au cimetière d’El Alia. Un enterrement timide, mais quand même officiel. Cette attitude prise par la présidence partage la toile, tout comme la décision de décréter les drapeaux en berne pendant trois jours à travers tout le pays. Une décision qui n’est, selon Saïd Sadi, qu’un deuil national.
Le deuil national : « une incohérence » estime Sadi
Pour Sadi c’est clair, « nul ne peut et ne doit se réjouir de la mort d’un être humain ». Cela ne l’a pas toutefois empêché de souligner que Bouteflika est « un homme public », et que sa mort sera « nécessairement l’objet de commentaires dont la nature et le contenu renvoient à ses propos et actes qui ont pesé sur la vie des citoyens ». L’ex-chef du RCD affirme également que « le règne absolu de Bouteflika a, plus que d’autres périodes, durablement marqué le destin algérien ».
Sadi ne s’est pas étonné que la mort de Bouteflika ait créé « d’interminables controverses ». Cela ne va « pas s’arrêter après le deuil national de trois jours », affirme-t-il. À ces controverses, Sadi ne manque pas cependant de participer. Selon lui, ce deuil que les « successeurs » de Bouteflika ont décrété n’a pas lieu d’être. Il s’agit, selon lui, d’une véritable « incohérence ». Sadi accable les officiels. Beaucoup d’entre eux « ont longuement servi sous son autorité sans la moindre incartade quand ils étaient en poste », dit-il.
Bouteflika, « le parrain de la Issaba »
Saïd Sadi ne s’attaque pas à Bouteflika, il profite de cette occasion pour souligner que l’on ne peut pas se dire « déterminé à pourchasser les acteurs et éradiquer les pratiques » de la « Issaba » alors qu’on invite « le bon peuple à observer un deuil national en l’honneur de son parrain ». Sadi est intransigeant. Le deuil national, pour lui, est une « incohérence qui est plus qu’un impair protocolaire ».
Sadi ne s’arrête pas en si bon chemin. Le malheureux candidat aux élections présidentielles de 2004 indique que cette « incohérence » est « le symptôme d’une autre agonie ; celle d’un système sclérosé qui s’avère aussi longue, aussi handicapante et aussi périlleuse que la paralysante fin de vie du disparu ».
Sadi conclu en donnant l’exemple de la Tunisie. Il affirme qu’elle « s’est bien gardée d’appeler à un deuil national après la mort de Ben Ali ». Pour Sadi enfin, la « constante du système politique algérien en place depuis 1962 » est que « la loi du milieu surclasse toujours l’ordre républicain ».