C’est aujourd’hui que l’Instance de concertation et de suivi (ICS) tranchera sa prochaine feuille de route. Les délégués de cette structure qui regroupe les deux pôles de l’opposition, à savoir la Coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique (CNLTD) et le Front du changement que dirige Ali Benflis, doivent se rencontrer au siège du MSP pour débattre plusieurs points à l’ordre du jour.
Selon des sources de l’opposition, l’ICS devra surtout s’interroger sur les récents développements survenus sur la scène politique, comme les résultats du congrès du FLN et les changements qui se sont opérés à la tête du RND.
Ces développements qui s’ajoutent également à la morosité économique, notamment les répercussions de la crise des cours du brut et les derniers discours de Bouteflika et d’Abdelmalek Sellal. Il est évident que ces points politiques vont dominer les débats internes de l’instance de l’opposition, et qui devront en même temps pousser l’ICS à ficeler un agenda et une feuille de route susceptibles de maintenir l’action de l’opposition durant un mois.
En fait, les milieux politiques savent que la victoire à la hussarde de Saâdani dans son congrès et le retour d’Ouyahia aux commandes du RND ne sont guère spontanés. On pense que ces deux démarches politico-organiques sont étroitement liées à un scénario politique qui se prépare dans le secret total.
Certains y voient le spectre de la révision de la Constitution, alors que d’autres avancent la thèse probable de législatives anticipées.
Dans tous les cas, il s’agit de deux chantiers qui risquent bien de chambouler les projets de l’opposition. Cette dernière croit dur comme fer que le pouvoir tente de faire diversion, de piéger l’opposition et de « phagocyter » les instruments des contre-pouvoirs et de créer un malaise pour absorber toutes velléités de changement démocratique. C’est la conviction de beaucoup de leaders de cette opposition, qui s’affirme de jour en jour.
Or, le plus spectaculaire dans ces affirmations politiques, c’est que l’opposition croit également qu’elle est derrière le remaniement gouvernemental et qu’elle est aussi derrière la reculade de Bouteflika dans sa promesse électorale d’il y a un an de révision de la Constitution, comme projet d’urgence nationale. L’opposition est-elle devenue aussi forte pour amener le pouvoir à verrouiller les appareils dirigeants du FLN, à mater ses dissidences internes et à battre le rappel de ses anciens « baroudeurs politiques » ?
Sinon comment expliquer que « le président Bouteflika soit nommé directement président du FLN, alors qu’il fut lors de ses quatre mandats un candidat du « consensus », un candidat « suprapartisan », au-dessus de la mêlée et président de tous les Algériens », comme aiment à le marteler les leaders les plus acharnés de cette opposition ?
En fait, l’ICS tente de refaire le coup du « sommet de Mazafran » de l’année dernière, qui a vu naître la fameuse plate-forme de Zéralda, en tentant de répondre aux interrogations de l’opinion sur l’avenir de cette opposition, ses nouveaux défis politiques et surtout les enjeux économiques. Selon nos sources, l’ICS ne devrait nullement changer les principes de base de la plate -forme de Zéralda ou opter pour une autre trajectoire politique.
Politiquement, elle devra consacrer un discours radical revendiquant une présidentielle anticipée, avec la création en parallèle d’un organe autonome chargé de la supervision des élections. Il est également question, lors de cette réunion, d’ouvrir les portes d’adhésion à la CNLTD, qualifiée par beaucoup de « club fermé ».
Plusieurs personnalités politiques ainsi que des formations ont émis le vœu de rejoindre cette coordination. Nos sources indiquent qu’une sorte de « cahier des charges »(devoirs et obligations) est prévu dans cette optique, une charte d’éthique que chaque membre devra se soumettre à ses règles afin de maintenir « une discipline politique »une « solidarité morale » et une solidité à toute épreuve face aux menaces d’éclatement ou d’implosion internes.