L’on entre dans ces lieux comme on entre dans certaines administrations publiques. Ni mots de bienvenue et encore moins un sourire rassurant.
La volonté des pouvoirs publics de développer et de promouvoir le secteur du tourisme rencontre de nombreuses embûches sur le terrain. Celles-ci ne sont pas forcément d’ordre bureaucratique. Elles sont plutôt d’ordre social et culturel. Les gérants de restaurants et autres cafétérias qui sont des acteurs à part entière dans le développement de ce secteur ne sont pas en train de jouer comme il se doit leur rôle. Une simple virée dans les lieux, est amplement suffisante pour mesurer le décalage et le retard qu’ils ont par rapport à ce qui se fait et se décide au niveau du département du tourisme et du gouvernement.
En fait, les gérants en question s’en fichent royalement du respect de certains critères reconnus et considérés pourtant mondialement comme étant des normes déterminantes dans l’attraction d’un pays et le développement du secteur du tourisme. L’allusion est faite ici, entre autres, au manque d’accueil, au manque d’hygiène et à l’absence de formation auprès du personnel y travaillant à tous les niveaux. Parlant de l’accueil, il est aisé de constater que la plupart des gérants de restaurants et des cafétérias dans les villes algériennes y compris dans la capitale ne donnent pas de l’importance à cet aspect. L’on entre dans ces lieux comme on entre dans certaines administrations publiques. Ni mots de bienvenue et encore moins un sourire rassurant.
Une fois à table, c’est le client qui doit chercher après le serveur et lui parler gentiment. Dans le cas contraire, c’est-à-dire sans gentillesse, le client risque de ne pas être servi ou servi après une éternité. Dans d’autres restaurants et cafétérias, quand le serveur ou le gérant remarque votre entrée, cela est valable en étant en solo ou en famille, ceux-là vous abordent sèchement.
A ce propos, certains témoignent qu’ils n’ont jamais été aussi humiliés par quiconque ailleurs dans leur vie comme c’est le cas dans ces lieux par des serveurs ou des gérants ignorants et impolis. On m’a toujours accueilli par «Wach takol ya rouget» (qu’est-ce que vous voulez manger, rouquin?) témoigne Fouad, la trentaine, cadre dans une banque et de peau plutôt brune. «Que voulez-vous que je leur dise? C’est vrai que ça me gêne parfois quand je suis en compagnie de mes amis, parce que ça ne correspond pas tout à fait à la couleur de ma peau. Mais bon, je me suis habitué!»,a-t-il ajouté, déplorant le manque de professionnalisme et de formation chez le personnel travaillant dans ces lieux. «Ils n’auraient pas agi de la sorte s’ils avaient été dans des écoles d’hôtellerie ou s’ils avaient fait une formation spécialisée dans un centre de formation professionnelle», a-t-il poursuivit. Dans ce sens, il faut souligner que jusqu’ici, les formations dans le secteur du tourisme sont le parent pauvre du secteur de la formation professionnelle.
En effet, en tout et pour tout, il n’y a en Algérie qu’une seule école publique spécialisée dans la formation dans les métiers de l’hôtellerie et des techniques de tourisme, à savoir (Etht) de Tizi Ouzou et ses deux annexes à Boussaâda et à Tlemcen. Cet état de fait, soulignons-le, a amené beaucoup de gérants d’hôtels et d’agences de voyages à travers le territoire national à afficher leurs avis de recrutement pour leur personnel dans ces trois villes.
Les promesses du ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, Mohamed Mébarki d’introduire des spécialités du tourisme dans les centres de formation professionnelle (Cfp) sont toujours au stade des promesses. Quant au manque d’hygiène au niveau de ces restaurants, il y a tant de choses à dire. Jusqu’à présent nous ne savons pas exactement sur quels critères se délivrent les registres du commerce pour les gérants des restaurants et des cafétérias et encore moins comment se fait le contrôle au niveau de ces locaux. Des salles de 4 m², souvent sombres, mal aérées et mal équipées continuent toujours à faire office de restaurants et de cafétérias. Dans ces conditions, il est difficile de parler de respect des conditions d’hygiène.
Ainsi, il va de soi que les efforts du gouvernement visant la promotion de ce secteur demeurent entiers et visent à le repenser entièrement. La Tunisie et le Maroc, qui ont pris de l’avance dans ce créneau, en ont pris conscience et s’y sont attaqués en premier.
Les touristes étrangers ne visitent pas la Tunisie ou le Maroc pour se nourrir ou séjourner dans leurs hôtels de cinq étoiles, mais bel et bien pour ressentir cette chaleur humaine et la bienveillance du personnel au niveau justement de ces petits restaurants et cafétérias, mais propres et confortables.