Le pouvoir ne parvient à fixer aucune date pour l’ouverture d’un dialogue et l’organisation d’un scrutin présidentiel, alors qu’il continue à rejeter toute transition qui s’étalerait dans le temps.
Près d’un mois après l’annulation imposée par le peuple du projet d’élection présidentielle du 4 juillet, le pouvoir en place peine encore à présenter une nouvelle feuille de route claire, avec une échéance précise, se contentant jusqu’ici de réaffirmer son refus catégorique de déroger aux dispositions de la Constitution. Alors que la période d’intérim légale de l’actuel chef de l’État tire à sa fin, ni le discours proprement politique du gouvernement ni celui autrement plus décisif du commandement de l’institution militaire ne fixent, en effet, le moindre cap ou délai précis pour l’organisation d’une élection présidentielle ou le lancement d’une nouvelle initiative de dialogue à même de susciter l’adhésion du peuple et de la classe politique.
Après avoir renoncé, la mort dans l’âme, à l’échéance électorale du 4 juillet, le pouvoir a, certes, affiché très clairement son intention d’éluder toute idée de période de transition qui viendrait à s’étaler dans le temps et à rendre définitivement inopérant l’esprit actuel de la loi fondamentale. Dès l’annonce même de son verdict sur l’impossibilité d’organiser un scrutin présidentiel dans les délais impartis au départ en vertu de l’article 102 de la Constitution, le Conseil constitutionnel avait d’emblée pris sur lui d’ouvrir la voie au maintien en fonction du président par intérim pour une durée indéterminée, lui conférant, dès lors, la responsabilité d’assumer les charges du chef de l’État jusqu’à l’élection d’un président légitime. Aussitôt, le président par intérim s’est soumis de fait à cette nouvelle feuille de route en annonçant, à travers son discours du 6 juin, à la fois sa décision de demeurer à la tête de l’État et son intention de tenter une nouvelle initiative de dialogue et un nouveau processus électoral.
Ainsi présentée en guise d’alternative au projet avorté d’une élection d’un nouveau président sous les 90 jours qu’autorisait en principe l’article 102, cette nouvelle feuille de route laissait, dès le départ, transparaître une certaine impuissance à tracer une trajectoire claire pour faire valoir ces nouveaux choix de sortie de crise. Et c’est ainsi que plus de vingt jours après la révocation consommée de l’élection du 4 juillet, ni le chef de l’État par intérim ni même le chef d’état-major de l’armée, qui a prononcé récemment un nouveau discours, n’ont avancé ne serait-ce qu’une approximation sur l’échéance ou le calendrier à prévoir pour la mise en branle de leurs nouveaux projets de dialogue et d’élection. Tout en continuant à marteler le caractère impérieux et urgent de sa nouvelle démarche, le pouvoir ne parvient, en effet, à fixer aucun rendez-vous défini pour l’ouverture du dialogue auquel il n’a cessé d’appeler depuis plusieurs semaines.
Et il ne peut plus s’aventurer à prévoir un agenda précis pour la convocation, à nouveau, du corps électoral pour accélérer, comme il le souhaite, l’élection d’un nouveau président de la République. C’est qu’en s’évertuant à couper court tout projet de transition politique qui ne découlerait pas du cadre constitutionnel et institutionnel en place, le pouvoir, qui cherche pourtant à aller très vite vers un scrutin présidentiel, s’est mis en définitive, par lui-même, dans cette inextricable impasse où il ne peut même pas décider des échéances et délais de sa propre feuille de route. Un blocage auquel l’aura conduit, au final, son acharnement à vouloir à tout prix garder le contrôle sur les conditions dans lesquelles pourrait être élu un jour le prochain président de l’Algérie.
Akli Rezouali