Les noms composant le panel chargé de conduire le dialogue national, initié par la présidence de la République, sont connus depuis jeudi.
Il s’agit de Karim Younès, ex-président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Fatiha Benabbou, professeure de droit public, et Smaïl Lalmas, économiste et président de l’Association nationale Algérie conseil export (ACE), Bouzid Lazhari, professeur de droit constitutionnel à l’université de Constantine et ancien sénateur, Abdelwahab Bendjelloul, syndicaliste dans le secteur de l’Education nationale et membre de plusieurs associations à Touggourt (wilaya de Ouargla), et Azzedine Benaïssa, professeur universitaire à Tlemcen.
Ce panel a donc fini par être constitué et nommé par la présidence de la République, trois semaines après l’appel lancé, le 3 juillet, par le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, pour « un dialogue national inclusif » qui devrait défricher le terrain pour la tenue de l’élection présidentielle à laquelle le pouvoir en place tient résolument et le rappelle régulièrement. Comme il l’a fait une nouvelle fois, mardi dernier, par l’entremise d’une intervention détaillée du secrétaire général de la présidence de la République, prônant le dialogue et la tenue de l’élection présidentielle comme étape incontournable, voire vitale, pour l’avenir immédiat du pays. Un dialogue « inclusif » mais qui se fera « sans la participation de l’Etat ni de l’Armée », est-il indiqué dans la feuille de route de la présidence, définissant le mode d’emploi du processus sur lequel reposera l’opération.
Pour le panel nommé par le chef de l’Etat, le dialogue constitue « le seul moyen » susceptible de mener à une sortie pacifique de la crise qui secoue actuellement le pays. C’est ce qui a été consigné dans une lettre lue au nom du groupe des six par Karim Younès, faisant savoir que leur participation à « cet effort collectif » pour sortir de cette crise découlait de leur « engagement devant la nation et au peuple ». Le dialogue national « le seul moyen à même de garantir une issue pacifique à la hauteur des aspirations des Algériens et Algériennes », indique, de ce fait, cette lettre lue au sortir d’une audience au palais d’El Mouradia accordée au panel par Bensalah. Lors de cette rencontre, les six membres ont tenu à préciser au chef de l’Etat qu’ils n’étaient pas représentants du Hirak populaire, ni ses porte-parole, affirmant avoir accepté cette mission « en toute liberté ». Ils ont, par ailleurs, insisté sur l’impératif pour l’Etat de mettre en place une série de mesures d’apaisement à même d’instaurer un climat favorable à la tenue du dialogue qui puisse « exprimer les vœux et les revendications populaires et qui mènerait à l’organisation d’une élection présidentielle transparente, régulière et libre dans les plus brefs délais ».
Libération des détenus et départ du gouvernement de Bedoui
Dans ce sens, ils ont appelé à « la libération de tous les détenus du Hirak », à la « la levée de toutes formes de pression sur les médias», et « la garantie de toutes les conditions et les facilitations à même de permettre aux citoyens d’exercer leurs droits constitutionnels dans les manifestations et les rassemblements pacifiques ». Le départ du gouvernement de Bedoui a été posé également comme préalable à la tenue du dialogue, a encore fait savoir M. Younès.
Réagissant aux doléances du panel, Abdelkader Bensalah a affiché sa « disponibilité » à prendre des mesures d’accompagnement et d’apaisement en guise d’escorte au dialogue auquel il a appelé. En effet, en réaction à une sollicitation des membres du panel sur les mesures d’accompagnement et d’apaisement qu’il y a lieu de prendre, le chef de l’Etat a fait état de sa « disponibilité à œuvrer pour inviter la justice à examiner la possibilité d’élargissement des personnes, dont l’interpellation s’est faite en lien avec le déroulement des marches populaires, à envisager l’allègement du dispositif mis en place par les services de sécurité pour garantir la liberté de circulation dès lors que cet allègement ne porte pas préjudice à l’impératif de préserver l’ordre public, et la protection des personnes et des biens lors des marches populaires », indique un communiqué de la présidence de la République rendu public juste après la rencontre entre le chef de l’Etat et l’équipe chargée de mener le dialogue. Ce dernier a également exprimé sa disponibilité à « faire prendre les mesures de nature à faciliter l’accès aux médias publics à toutes les opinions, à travers l’organisation de débats contradictoires et ouverts à toutes les expressions politiques, sans exclusive », ajoute la même source.
Quant aux autres préoccupations soulevées par les membres du panel, Bensalah « s’est engagé à les prendre en charge conformément aux dispositions de la Constitution et aux lois de la République », souligne la présidence de la République.
Ainsi, le Panel entamera immédiatement sa mission avec le soutien technique et logistique de l’Etat qui mettra à sa disposition tous les moyens qui lui sont nécessaires pour mener à bien le processus de dialogue, dont l’objectif central est de contribuer à réunir les conditions nécessaires à l’organisation du prochain scrutin présidentiel.<
Bio-Express des 6 membres du panel
Karim Younes : âgé de 71 ans et ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN) de 2002 à 2004, il est écrivain, homme politique.
Il est titulaire d’une licence en littérature française et a occupé plusieurs hautes fonctions, notamment secrétaire d’Etat et ministre de la Formation professionnelle.
Après son retrait de la vie politique, Karim Younès a consacré son temps à l’écriture en publiant des ouvrages sur l’histoire de l’Algérie.
Fatiha Benabbou : elle est titulaire d’un doctorat d’Etat en droit public et professeur universitaire. Spécialiste en droit constitutionnel, elle est auteure de deux ouvrages: «Droit parlementaire algérien» et «Introduction au droit constitutionnel» ainsi que de nombreux articles publiés dans des revues et communications en Algérie et à l’étranger.
Elle intervient de manière régulière pour éclairer l’opinion publique sur les questions d’ordre juridique et constitutionnelle.
Smaïl Lalmas : expert en économie et en finance, il est président de l’Association nationale Algérie conseil export (ACE). Lalmas est souvent sollicité par les médias pour apporter des éclairages et des analyses sur la situation économique et financière du pays.
Bouzidi Lazhari : ancien membre du Conseil de la nation, Lazhari est un constitutionnaliste et professeur de droit constitutionnel à l’Université de Constantine.
Azzedine Benaissa : âgé de 52 ans, il est professeur universitaire à Tlemcen. Il est membre actif dans le mouvement associatif.
Abdelwahab Bendjelloul : âgé de 49 ans, il est syndicaliste dans le secteur de l’éducation nationale. Membre de plusieurs associations à Touggourt (wilaya de Ouargla) et membre actif de la société civile.