Dialogue pour une sortie de la crise politique : Un groupe de partis favorable à une présidentielle

Dialogue pour une sortie de la crise politique : Un groupe de partis favorable à une présidentielle

Alors que la mobilisation des Algériens qui manifestent pour faire partir le système politique ne faiblit pas, les initiatives politiques pour nouer les fils du dialogue se multiplient.  Après la rencontre, à la fin de la semaine dernière, des partis regroupés dans les Forces de l’alternative démocratique, c’est au tour de ceux réunis autour des Forces du changement de se préparer pour “une conférence de dialogue national” qui devra se tenir le 6 juillet prochain à l’Institut supérieur de l’hôtellerie et du tourisme d’Aïn Benian (Alger). Contrairement aux acteurs de l’Alternative démocratique, les partis et personnalités des Forces du changement espèrent discuter notamment des mécanismes susceptibles de conduire le pays vers l’organisation d’une élection présidentielle dans “les plus brefs délais”. Le projet ressemble à celui auquel appelle le chef d’état-major de l’armée. 

Mais Abdelaziz Rahabi, coordinateur de cette conférence, nie toute coordination avec les autorités. “Notre projet est ancien. Il date du 20 février. Nous l’avons organisé dans la discrétion pour assurer un minimum d’efficacité”, a indiqué l’ancien ministre de la Communication, contacté hier par téléphone. “Nous n’avons aucun contact avec les autorités”, a insisté l’ancien ambassadeur, qui rappelle que “la classe politique n’est pas responsable de la crise, mais responsable de la solution”. Une manière pour lui de rappeler à chacun ses responsabilités. Plus que cela, Abdelaziz Rahabi a même expliqué que lui et les partis qui s’inscrivent dans cette démarche ne reçoivent “pas d’instructions” des autorités.

S’il espère l’adhésion de “toute la classe politique” à ce dialogue, Abdelaziz Rahabi reconnaît des divergences dans la démarche avec les partis de l’Alternative démocratique. “Nos divergences ne sont pas insurmontables. Mais eux veulent le passage par une transition avant d’évoquer un processus électoral. Vu l’urgence de la situation, nous avons opté pour la tenue d’une élection présidentielle d’abord. Il reviendra, après, au chef de l’État élu d’organiser la transition”, a indiqué M. Rahabi. En revanche, les deux groupes se rejoignent sur le fait que “la précipitation dans l’organisation d’une élection présidentielle aggraverait la crise” politique actuelle. Rejoignant l’idée de la transition, M. Rahabi rappelle que “de toute façon, nous sommes déjà dans une transition politique”.

Avant d’aller vers un dialogue “sérieux”, les Forces du changement posent des préalables et demandent des garanties. “Nous ne pouvons pas parler de dialogue sérieux si les libertés sont piétinées, si les Algériens ne peuvent pas manifester librement”, a-t-il fait remarquer. Il a, d’ailleurs, dénoncé les pressions exercées sur certains partis politiques et les arrestations parmi les manifestants. “Nous attendons des mesures d’apaisement de la part des autorités”, a-t-il estimé. L’une des figures les plus en vue de ce groupe de partis politiques est l’ancien Premier ministre Ali Benflis. 

L’homme plaide ouvertement pour la tenue d’une élection présidentielle dans “les plus brefs délais”. Selon son parti Talaie El-Houriat, qui a rendu public hier un communiqué sanctionnant la réunion ordinaire de son bureau politique, l’objet du dialogue “est de réunir, sans tarder, les conditions politiques, constitutionnelles et légales pour assurer la tenue d’un scrutin présidentiel que n’affecterait aucun doute ou suspicion et qui assurerait au peuple le libre exercice de son choix sans craindre de le voir faussé ou détourné”.

Consensus sur le départ de Bensalah et de Bedoui
Si l’adhésion des partis de l’Alternative démocratique à cette conférence du 6 juillet est difficile à envisager dans les conditions actuelles (malgré l’optimisme d’Abdelaziz Rahabi), la participation des syndicats et des associations de la société civile n’est pas non plus acquise. Les organisations qui ont tenu, récemment, leur conférence, veulent plutôt rapprocher les positions des deux blocs des partis de l’opposition. “Nous avons entamé des contacts pour rapprocher les points de vue, afin de parvenir à une vraie conférence nationale de consensus”, a indiqué Abdelwahab Fersaoui, président du RAJ, qui a signé la plateforme de la société civile.

Pour notre interlocuteur, contacté hier par téléphone, la date du 6 juillet ne doit pas être “une fin en soi” même s’il n’exclut pas une participation à la rencontre. En revanche, tous ceux qui appellent au dialogue au sein de la classe politique sont unanimes : les partis qui ont accompagné Abdelaziz Bouteflika ne seront pas conviés à ces rencontres. Tout le monde partage également la nécessité de voir Bensalah et Bedoui partir avant la tenue d’une quelconque élection. Si du côté de l’opposition les initiatives se multiplient, le pouvoir, lui, reste muet. En attendant un nouveau discours que prononcera Abdelkader Bensalah à l’occasion de la célébration de la fête de l’’Indépendance, les appels au dialogue n’ont pas été suivis d’effet. 

Ali Boukhlef