Sa famille et son entourage gardent encore l’espoir de le retrouver sain et sauf. Ils demeurent mobilisés et poursuivent leur quête, même s’ils ne trouvent pas encore d’indice probant.
Dimanche 4 septembre 2016, c’est la rentrée scolaire. Les rues ont pris un autre décor en étant occupées par des enfants heureux, revêtus de leurs plus beaux vêtements pour se rendre, pour la première fois pour certains, à l’école. Au CEM Merabti-Nasseri d’Aïn Bessam, c’est presque la fête. Mais une chose perturbe cette ambiance.
Lamouri Badredine manque à l’appel. Lors de la levée des couleurs, son absence a plané sur la 3e M3. Les élèves des autres classes se donnent des accolades et rient, contents de se revoir après les vacances. Dans la cour, les camarades de Badredine sont calmes. “Nous avons remarqué que tous les élèves étaient heureux de retrouver leurs camarades, mais ceux de la classe 3e M3 étaient très calmes et la tristesse se lisait sur leurs visages”, nous confie Hamdi Ali, le surveillant général de cet établissement. Cette scène se poursuivra même à l’intérieur de la classe au moment où chacun prend sa place et que celle de Badredine reste vide ; son professeur et ses camarades n’ont pu contenir leurs larmes.
“Ils étaient inconsolables”, dit-il. Merouan Sid Ahmed, son ami d’enfance et camarade de classe, est très triste. C’est un enfant très affecté que nous avons rencontré lundi, assis à la première rangée, à côté de lui une chaise vide. Il garde l’espoir de revoir son ami revenir et reprendre sa place.
Un espoir partagé par tous les élèves de sa classe, qui ont appelé Badredine à revenir le plus vite possible. Lamouri Benmahfoud, directeur de l’établissement, qui nous a reçus dans son bureau, a eu toutes les peines du monde à parler de Badredine. Dès qu’il a évoqué Badredine, il a fondu en larmes. “C’est un excellent élève. Il a eu 13 de moyenne au 1er trimestre et 14 au deuxième. Il avait déjà assuré son passage”, dit-il. Gagné par l’émotion, c’est le surveillant général qui poursuit : “Son dossier est toujours en instance. Nous attendons son retour pour le réintégrer et lui permettre de continuer ses études. Il est très dynamique et a un comportement exemplaire avec ses camarades. Il est aimé de tous les élèves et apprécié de ses professeurs.”
Au centre-ville d’Aïn Bessam, nous avons rencontré son père, Lamouri Mohamed, dans son magasin de chaussures, ses pensées sont tout à son fils. Il tente de se ressaisir, mais la douleur est profonde. “Depuis le 1er mai je suis sans nouvelles de mon fils. J’ai fêté son anniversaire le 6 août, sans sa présence physique, et maintenant c’est la rentrée scolaire, c’est pénible”, dit-il. Il a vécu les préparatifs de la rentrée scolaire dans la douleur. “J’ai essayé de cacher mon chagrin à ma petite fille et à mon fils au primaire qui croient dur comme fer que leur frère reviendra bientôt”, avoue-t-il en se rappelant dans les moindres détails, les précédentes rentrées scolaires.
“Badro venait faire ses achats tout seul. Il choisissait lui-même ses habits chez les commerçants qui le connaissaient bien, et à la fin je réglais la facture quel que soit le prix.” Et de rappeler sa disparition : “Le matin du 30 avril, il s’est rendu à l’école située à moins de 500 m du domicile. À 8h, le maître étant arrivé en retard, les élèves ont été contraints de quitter l’établissement. À l’arrivée de l’enseignant, tous les élèves avaient rejoint la classe, sauf mon fils.” À la mi-journée, Badredine n’a pas rejoint le domicile.
Une alerte a été donnée et place à la panique. Étant un fervent supporteur du MCA, les spéculations se sont orientées vers son éventuel déplacement au stade du 5-Juillet. “Une hypothèse jamais confirmée.” Les services de sécurité ouvrent une enquête et près de 300 personnes sont entendues. Un avis de recherche a été lancé via les réseaux sociaux et des affiches ont été placardées sur le territoire national avec mon numéro de téléphone. “Chaque jour je recevais des appels me signalant sa présence dans l’une des villes du pays. Je ne mets pas en doute la sincérité des personnes mais cela est dû à des ressemblances.”
La rage de retrouver son fils l’a poussé à sillonner des dizaines de villes d’Est en Ouest. “J’ai effectué des recherches dans plusieurs villes à commencer par El-Kala à l’Est en passant par Annaba, Jijel jusqu’à Tlemcen, Bel-Abbès, Oran sans compter celles du Centre, notamment Alger où les recherches sont encore fréquentes à ce jour”, précisera-t-il. Il ne perd cependant pas l’espoir de revoir son fils vivant.