Disponibilité des médicaments: La gestion, le maillon faible

Disponibilité des médicaments: La gestion, le maillon faible

«Il faut une réforme, mettre en place des outils pour arriver à assurer une bonne organisation. Il est impératif de mettre en place une structure qui aura la charge de gérer et d’assurer le suivi de la distribution des médicaments»

Le problème de la disponibilité des médicaments se pose toujours puisque certains médicaments restent toujours «introuvables» dans les structures hospitalières et les pharmacies.

Àen croire certains acteurs dans le domaine, cette situation est due à la mauvaise distribution et à l’insuffisance de la production locale, et ce, bien que la disponibilité des médicaments aient connu une amélioration dans les hôpitaux et les officines.

En effet, le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo), Messaoud Belambri, estime que le changement de la manière de gérer le secteur est une nécessité absolue. «Il faut une réforme, mettre en place des outils pour arriver à assurer une bonne organisation. Il est impératif de mettre en place une structure qui aura la charge de gérer et d’assurer le suivi de la distribution des médicaments », dit-il.

«D’ailleurs l’installation de l’Agence nationale du médicament, dont les textes y afférents ont été promulgués en 2008, pourrait mettre fin à beaucoup de dysfonctionnements », ajoute-t-il. Selon lui, certains opérateurs prennent la question du médicament avec beaucoup de légèreté, alors que des vies humaines sont en jeu.

Le même orateur précise en outre que le problème de la disponibilité des médicaments n’est explicable que par deux raisons, à savoir la «non-fiabilité» des prévisions ou bien la défaillance de la chaîne de distribution. De son côté, Mohamed S., délégué médical et pharmacien, estime que la décision prise par les pouvoirs publics, à partir de 2009, portant sur l’interdiction d’importer des médicaments fabriqués localement, a contribué à provoquer une tension sur certains médicaments.

Comment ? Pour lui, la production locale n’arrive pas à couvrir entièrement les besoins en matière de médicaments, notamment en ce qui concerne les médicaments prescrits en oncologie et en pédiatrie. Le pharmacien ajoute, également, que des grossistes procèdent au stockage de certaines médicaments et consommables, «pour créer la pénurie sur le marché, mettant, ainsi, en péril la santé du citoyen».

Par ailleurs, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (Snpssp), Mohamed Yousfi, souligne qu’il y un sérieux problème de gestion, qui se traduit par des pénuries et des ruptures de stocks récurrentes, au grand dam des malades. «Les malades sont souvent obligés de faire toute une gymnastique pour se procurer des médicaments, faute de les trouver dans les structures hospitalières.

Où sont ces médicaments distribués par la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux) ?», se demande-t-il. À ce propos, le Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpssp) affirme avoir réalisé une enquête, du 20 mars au 20 mai, dans plus de 170 établissements répartis sur 21 wilayas. «Nous demandons une enquête indépendante pour éclaircir et expliquer toutes ces pénuries et ces ruptures de stock à répétition», dit-il.

D’autre part, la secrétaire générale de l’association El-Amel d’aide aux cancéreux, Hamida Kettab, indique que le problème de l’indisponibilité de certains médicaments n’est pas définitivement réglé, et cela, malgré une nette amélioration de la prise en charge des malades, notamment les cancéreux au CPMC (Centre Pierre et Marie Curie). «La situation des cancéreux s’est nettement améliorée au CPMC. Néanmoins certains médicaments, comme le métotrixate est indisponible.

De plus, pour la chirurgie, les malades manquent de tout», a-t-elle déclaré. Néanmoins, le directeur des produits pharmaceutiques au ministère de la Santé, Hafidh Hamou, estime que «ce ne sont pas tous les médicaments qui sont en rupture de stock».

Tout en admettant qu’il est possible qu’il y ait un problème de distribution, le responsable a, en effet, mis l’accent sur la nécessité d’établir des prévisions précises. «Il y a des problèmes dans les approvisionnements et les prévisions, mais dire qu’il y a des médicaments en rupture, non. Il y a, plutôt, des dysfonctionnements », a-t-il dit.

Quant au directeur général de la pharmacie au niveau du ministère de la Santé, Yacine Khaldi a fait savoir que des mesures conservatoires sont prises à l’encontre des directeurs d’hôpitaux qui n’ont pas fait de prévisions à temps.

Toujours dans ce contexte, ce responsable a mis en exergue, dans le même temps, la difficulté à établir des prévisions fiables à 100%. «Chaque année le nombre de malades peut fluctuer. Il y a des catastrophes, des augmentations de prix des matières premières, il y a des médicaments qui sont en rupture de stock à l’échelle mondiale, en plus des tensions internationales», a-t-il souligné.

S. D. et APS