Réduit à sa plus simple expression par le mouvement populaire déclenché le 22 février contre le système politique et ses symboles, le FLN tente de se redéployer. Parti majoritaire et au pouvoir avant le mouvement, le parti, décrié par les millions de manifestants, veut se refaire une nouvelle virginité.
Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Son nouveau secrétaire général, Mohamed Djemaï, a convoqué les mouhafedhs des 48 wilayas du pays, hier samedi, au siège du parti à Hydra, sur les hauteurs d’Alger, «afin de renforcer les bases du parti, consolider sa place et faire un nouveau départ après avoir été kidnappé».
Il a expliqué que le FLN est visé par plusieurs parties dont certaines veulent sa dissolution pure et simple, en l’accusant d’être une partie de la crise qui secoue le pays.
Il a dénoncé «une violence politique» à l’égard de son parti, tout en précisant que le FLN n’était pas seul aux commandes de l’Algérie.
Pour lui, le peuple n’est pas contre le FLN mais ce sont ces parties, qu’il ne nomme pas d’ailleurs, qui le ciblent.
Mais le nouveau patron du parti défend sa formation et affirme qu’elle soutient «les revendications légitimes du peuple» qui est sorti dans la rue depuis plus de quatre mois contre le système politique et ses symboles, dont le FLN justement.
L’orateur a insisté sur le nouveau départ du parti. «L’ère de tout applaudir est révolue», a-t-il lancé sous les applaudissements des mouhafedhs.«Si le FLN soutient les revendications du peuple, pourquoi vous ne demandez pas le départ de Bensalah et de Bedoui qui sont parmi ses principales revendications ?»
Face à cette question d’un confrère, Mohamed Djemaï ne savait pas quoi répondre. Après un soupir profond, il lâche : «Les demandes du peuple sont légitimes… il faut respecter les limites de la Constitution, ou alors se fier à des jurisprudences de spécialistes. Il faut aller vers les élections car la phase constitutionnelle est limitée et n’est pas longue», a-t-il répondu. Relancé sur le départ du Premier ministre, il insiste que «le FLN soutient le peuple». Pour lui, la seule solution à la crise algérienne est d’aller à l’élection présidentielle le plus vite possible.
Le patron du FLN a exprimé le soutien de sa formation à l’armée et à son Commandement, estimant que ceux qui critiquent ce même commandement sont des aventuriers qui veulent la déstabilisation du pays. Djemaï a adopté les mêmes positions que Gaïd Salah : appel au dialogue inclusif et rejet de toute forme de transition. Il a salué le peuple qui a déjoué les manœuvres de division tout en soutenant l’interdiction du drapeau amazigh en affirmant que l’Algérie a un seul drapeau. Il a défendu, en outre, la «badissia novembria» dont personne ne connaît, ni la signification ni le contenu.
Les mouhafedhs ont longuement applaudi Djemaï comme ils avaient applaudi dans le passé Djamel Ould-Abbès et Ammar Saâdani.
Saïd Bouhadja, président déchu de l’APN, était présent à la réunion. Il a rencontré ceux qui l’ont déposé comme si de rien n’était. Il était assis à côté du député de Mostaganem, Abdelhamid Si Affif. Ce dernier était parmi les exécutants du plan d’éjection de Bouhadja de l’APN.
K. A.