Éjectés de la direction du parti et éclaboussés par des affaires judiciaires, liées à des faits de corruption et de mauvaise gestion, Djamel Ould Abbès se trouve dans le collimateur de son successeur à la tête du FLN. En effet, l’ex-ministre de la solidarité nationale, aussi bien Mouad Bouchareb, qui s’accroche, contre vents et marées, à son siège à l’APN, seront déférés devant la commission de discipline.
Le nouvel homme fort du FLN ne compte pas les lâcher, lui qui veut faire ainsi de ces deux personnalités un acte de sacrifice et de repentance envers le peuple algérien pour le soutien du FLN au président sortant Abdelaziz Bouteflika. C’est ainsi que le FLN a décidé, dimanche dernier, de punir ce sénateur du tiers présidentiel ainsi que ce président de l’Assemblée populaire nationale, affiliés tous deux au FLN. En effet, Djamel Ould Abbès et Mouad Bouchareb ont reçu des courriers pour comparaître devant la Commission de discipline du parti, fraichement installée par le SG du FLN, pour «avoir commis des dépassements» qui ont «nuit gravement au parti». La Commission de discipline du FLN s’est réunie samedi dernier sous la présidence de Saïd Bouifer et Abdelhamid Si Afif, pour étudier les cas du sénateur et député en questions, et ce «à la lumière des graves dommages causés au parti, qui se sont répercutés négativement sur son image et sa cohésion», a expliqué un communiqué du FLN. Ould Abbès et Mouad Bouchareb sont accusés aussi de «commettre des dépassements et de non-respect des moindres règles d’éthique de l’action politique et partisane.
Ce qui a influé négativement sur l’autorité du parti, son image et l’unité de ses militants». Les membres de la commission ont appelé les militants et les élus des Assemblées locales du parti «à la nécessité de se conformer aux statuts et règlement intérieur de ce dernier et de respecter les règles de discipline et les orientations données par le Secrétaire général du parti lors de l’installation de la commission de discipline, le 29 mai dernier». Faisant face à la colère populaire se traduisant à travers les slogans répétés par le mouvement du 22 février : «FLN dégage !», la nouvelle direction du FLN essaye de traverser cette zone de turbulence avec les moindres dégâts. Un puissant et inconditionnel soutien au président sortant, Abdelaziz Bouteflika, et le premier à avoir appelé ce dernier à briquer un cinquième mandat à la tête du pays malgré sa maladie qui l’empêche de communiquer avec son peuple depuis plus de six ans, le FLN a dû se débarrasser des personnalités qui ont constitué longtemps sa façade devant le peuple et les militants.
Élu en avril dernier à la tête du FLN, en remplacement de Mouad Bouchareb, qui occupait le poste de coordinateur général du parti suite à la démission d’Ould Abbès, Mohamed Djemaï a usé de pragmatisme, en critiquant sévèrement la période de gestion d’Ould Abbès et accusant Bouchareb d’être imposé à la tête du parti et de l’APN par des forces extraconstitutionnelles l’invitant ainsi à quitter le perchoir du Parlement en réponse aux revendications du peuple. Djemaï s’appuie sur son soutien à l’Institution militaire en applaudissant chacun des discours prononcés par le chef de l’état-major de l’Armée, Ahmed Gaïd Salah. Djamel Ould Abbès, sénateur du tiers présidentiel, a été la cible d’une requête du ministère de la Justice pour «la levée de son immunité parlementaire» afin de permettre sa traduction devant la Cour suprême pour être entendu et jugé sur les faits de corruption qui lui sont reprochés.
Poursuivi au même titre que son collègue, Saïd Barkat, ces deux sénateurs ont finalement renoncé «de plein grés» à leur immunité parlementaire. Les reproches de corruption ont, depuis longtemps, flotté sur Ould Abbès, qui s’allongent pour atteindre toute sa proche famille, mais sans y arriver jusqu’à maintenant à le mener devant un tribunal. Au cours de ce mois, Omar Iskander Ould Abbès, fils de Djamel Ould Abbès a été mis en détention provisoire par le juge d’instruction près le Tribunal de Chéraga en compagnie de deux autres personnes. Un mandat d’arrêt international a été requis à l’encontre d’El Ouafi Fouad El Bachir Ould Abbès, l’autre fils de l’ancien secrétaire général du FLN, selon un communiqué de la cour de Tipasa.
Hamid Mecheri