Djemaï cède sa place à Ali Seddiki, mais juste le temps d’un procès alors que Bahaeddine Tliba, lui, cherche à gagner du temps en refusant de renoncer volontairement à son immunité parlementaire.
Il est le premier à refuser de renoncer volontairement à son immunité parlementaire. Bahaeddine Tliba, le député FLN de la wilaya de Annaba, ne veut pas céder à la pression et choisit le chemin le plus long pour se rendre devant un procureur. Le 9 septembre, la justice avait demandé la levée de son immunité parlementaire. Le bureau de l’Assemblée qui a examiné, hier, cette demande, devra suivre la procédure légale pour sa levée en raison du refus de l’élu d’y renoncer volontairement.
Ce qui va nécessiter une réunion de la commission des affaires juridiques de la chambre basse qui élabore un rapport dans un délai de deux mois à partir de la date de la saisine. La commission auditionne le député concerné, lequel peut se faire assister par un de ses collègues. l’APN tranche dans un délai de trois mois à partir de la date de la saisine. C’est dire que Bahaeddine Tliba cherche à gagner du temps.
Sa levée d’immunité ne pourra être prononcée avant la fin de l’année en cours ou disons-le, à trois jours de la prochaine élection présidentielle. Bahaeddine Tliba pense peut-être que l’élection d’un nouveau président apportera de nouvelles donnes qui seront en sa faveur. Peu probable certes, puisque la justice n’est pas prête à lâcher sa lutte contre la corruption, mais comme les lendemains sont toujours incertains et que la vie cache plein de surprises, le député Tliba s’accroche à cet espoir. Originaire de Oued Souf et résidant à Annaba, il devra répondre à deux chefs d’accusation.
En premier, il est reproché à Bahaeddine Tliba le financement occulte de la campagne électorale de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika et le financement occulte des listes de partis politiques ainsi que des campagnes électorales du Front de Libération nationale (FLN), lors des élections législatives et locales. Le second dossier de justice est en rapport avec l’enquête ciblant les enfants de l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, arrêtés, faut-il le rappeler, dans une affaire de vente des postes d’élus dans les listes FLN des législatives de 2017.
A cette époque, la rumeur faisait état de la découverte des listes électorales et de 145 milliards de centimes dans une villa à Alger qui dit-on, appartiendrait au fils de Ould Abbès. Il faut rappeler que le nom de cet élu milliardaire dont la grande fortune et ses biens ont été acquis en l’espace de quelques années, était dans toutes les bouches des manifestants depuis le 22 février dernier. Ces derniers qui ont depuis toujours dénoncé les agissements et les dépassements de cet élu, attendent impatiemment sa comparution devant la justice. Un autre député FLN est dans la tourmente et pas des moindres.
Il s’agit du nouveau secrétaire général, Mohamed Djemaï. A peine cinq mois après son intronisation surprise à la tête du parti, le député est réclamé par la justice qui a, également, demandé la levée de son immunité.
Ce dernier a choisi d’y renoncer volontairement tout en affirmant que l’affaire pour laquelle il a des démêlés avec la justice est «strictement personnelle». C’est sûrement vrai, mais il n’empêche qu’il s’agit, selon les premières indiscrétions, d’une affaire de «menaces et insultes» par téléphone et il est aussi question de «destruction de documents et de preuves». Des griefs qui relèvent du tribunal criminel, alors que d’autres enquêtes concernant le député sont en cours.
Mais Djemaï ne baisse pas pour autant les bras. Il s’accroche. Hier, il a réussi à convaincre le bureau politique, réuni spécialement pour trancher le cas du secrétaire général, de ne pas le démettre de son poste.
Il sera remplacé temporairement par Ali Seddiki à la tête du parti jusqu’à ce que la justice rende son verdict. Une manœuvre bien réussie pour le député, mais qui risque de déplaire aux nombreuses voix qui ne cessent d’inviter Djemaï à démissionner.
L’homme d’affaires avait, de loin, vu le coup venir, raison pour laquelle il a précocement trompé son ennemi en affichant sa disponibilité à quitter son poste car «l’intérêt du pays et du parti sont au-dessus de toute autre considération» alors qu’en réalité, il n’avait nullement l’intention de lâcher prise aussi rapidement.