2e partie
Donc, votre premier match avec le CRB a été contre la JSK ?
Oui. Le regretté Abdelouahab m’avait titularisé, alors que j’étais une jeune nouvelle recrue dans une équipe truffée de joueurs expérimentés tels Chedeba, Dahmani, Ali-Moussa, Djahmoune et autres Rahmani. Le match était même retransmis en direct à la télévision. Malheureusement pour moi, j’avais été blessé à l’épaule après seulement un quart d’heure de jeu et j’avais été remplacé. Le match d’après, nous avions reçu l’US Chaouia. J’étais rentré comme remplaçant et j’avais délivré la passe pour le but égalisateur alors que nous étions menés au score. Après, nous avions affronté le MC Oran avec son armada de stars emmenées par Belloumi et Benmimoun. Le quatrième match contre l’USM Blida a été particulier.
Qu’avait-il de particulier ?
Nous avions battu l’USMB au stade du 20-Août sur un doublé signé Ali-Moussa et c’est dans ce match qu’a été scandé pour la première fois le fameux slogan des supporters «Allez Chabab zoudj !» Puis, nous sommes partis à Tlemcen jouer contre le WAT avant de recevoir le NA Hussein Dey pour un match historique.
Pourquoi historique ?
Parce que cette année-là, en 1993, cela faisait 13 ans que le CRB n’avait plus battu le NAHD. Je me souviens bien : le match s’est déroulé un lundi. A cette période, et suite à ma blessure à l’épaule, on ne me faisait jouer qu’au stade du 20-Août car lors des matches à l’extérieur, Abdelouahab craignait que je rechute vu le jeu physique rude pratiqué par certains adversaires. Avant ce match pour lequel je m’étais particulièrement bien préparé, et durant le déjeuner, le défunt président Aït Igrine, qui m’aimait bien du fait que j’étais le plus jeune joueur du groupe, m’avait dit : «Aujourd’hui, c’est ton jour !» Je lui avais répondu : «Inch’Allah.» Nous avions gagné par trois buts inscrits par Ali-Moussa à la 10’, moi-même avant la mi-temps et Bakhti qui avait particulièrement brillé dans ce match. Un match qui a constitué un autre virage dans ma carrière.
Comment a été votre première confrontation contre votre ancien club, le MCA ?
Une semaine après la victoire contre le NAHD, nous nous étions déplacés à Bologhine pour affronter le Mouloudia. C’était une première pour moi. Le match s’était soldé par un nul vierge, mais je me rappelle très bien que j’avais failli marquer, mais Mourad Slatni avait sorti le ballon sur la ligne. Zenir avait frôlé l’arrêt cardiaque.
Comment les supporters du MCA vous avaient-ils reçu ?
Côté supporters, je n’ai jamais eu de problème. D’ailleurs, tout au long de ma carrière, je n’ai jamais été insulté par les supporters des différents clubs pour lesquels j’ai joué, que ce soit au MCA, au CRB, au CAB, à la JSK ou au CSC. Les supporters du Mouloudia connaissaient très bien les raisons de mon départ du club. Peut-être même que mon cas avait précipité le départ de Zenir par la suite, car je constituais l’exemple type de l’enfant du club qui n’a pas été bien exploité par l’entraîneur.
En résumé, votre première saison au CRB a été concluante ?
Oui. Je m’étais libéré, inscrivant de nombreux buts. La saison d’après, j’ai remporté avec le CRB la Coupe d’Algérie en étant derrière le but de la victoire. J’avais même inscrit des buts décisifs cette saison-là, notamment un contre le NAHD dans un match crucial pour le maintien, puis contre le MCA au 20-Août. Ces buts nous avaient permis de jouer la finale de la Coupe d’Algérie dans la sérénité.
Vous semblez satisfait de votre passage au CRB, contrairement à celui face au MCA…
Parce que ce que mon club formateur ne m’a pas donné, je l’ai trouvé au Chabab. C’est pour ça que je resterai éternellement reconnaissant au CRB et à tous ses supporters.
Au CRB, vous aviez connu Aït Igrine, puis Mohamed Lefkir. Etaient-ils différents ?
Aït Igrine, que Dieu ait son âme, se conduisait en homme avec nous. Il ne nous mentait pas et ne se montrait pas hypocrite. Quand il n’avait pas d’argent, il le disait ouvertement et c’est ce qui faisait que ses discours étaient acceptés. Même chose pour Lefkir. Jamais je n’ai connu un président aussi sensible et humain. Je pense même que c’était le meilleur de tous les présidents qui sont passés au CRB. On disait de lui qu’il ne comprenait rien au football, mais il reste quand même le seul président qui, de 1978 à 1995, a ramené un titre au club, ce que des présidents prétendument connaisseurs du football n’avaient pas fait. Il était naïf et savait comment parler aux joueurs. Je me rappelle qu’un jour, il nous avait insultés dans un accès de colère, mais il était revenu vers nous par la suite pour nous présenter ses excuses en versant même des larmes. Vous savez, après un match perdu contre le CS Constantine, il nous avait distribué à l’aéroport de Constantine une prime de 1500 DA parce que nous avions bien joué malgré la défaite. Quel président l’aurait fait ? A la veille de chaque match, il nous ramenait à l’hôtel du chocolat et des bananes (c’était une denrée rare à l’époque) avant de s’effacer pour nous laisser nous concentrer. Tous ces petits gestes nous avaient motivés à lui rendre la pareille sur le terrain. Je considère Lefkir comme l’un des meilleurs présidents avec lesquels j’ai travaillé.
Pourquoi alors avoir quitté le CRB pour un club comme le CA Batna qui ne jouait pas les premiers rôles ?
Lefkir avait quitté le club, remplacé par Djilali Selmi avec qui je ne m’étais pas entendu sur le volet financier. De plus, j’avais senti un changement des mentalités dans l’environnement du club. J’avais préféré donc anticiper les choses et partir au CAB plutôt que de risquer de rester sans jouer.
Pourquoi le CAB et pas un autre club, alors que vous vous êtes fait un nom ?
Je voulais sortir d’Alger, motivé par l’expérience de l’US Chaouia qui avait remporté le titre de champion en ayant attiré de bons joueurs tels Bettadj et Dahleb. Le seul contact crédible et sérieux que j’avais était celui de Rachid Bouabdallah, le président du CAB, un club contre lequel je marquais souvent. J’ai été donc prêté par le CRB à ce club pour une expérience qui, je pense, a été bénéfique.
Vous êtes quand même resté 4 ans au CAB. Etait-ce voulu ?
Ma première saison a été un succès pour moi. Pour preuve, j’étais le buteur de l’équipe et nous avions atteint la finale de la Coupe d’Algérie perdue face à l’USM Alger. A la fin du prêt, je suis retourné au CRB, mais j’avais trouvé que les mentalités n’avaient pas changé. Comme Bouabdallah tenait à ce que je reste au CAB et que j’étais d’accord, il a fait valoir la loi sur le Service national, qui autorisait un joueur sous les drapeaux à jouer dans un club proche de son unité d’affectation, pour me transférer et me faire signer un nouveau contrat. D’ailleurs, il y a un détail qui m’intrigue jusqu’à ce jour : ma lettre de libération est arrivée au CAB par un courrier postal et je ne sais toujours pas qui l’a envoyée. Le président du CRB voulait me poursuivre en justice, mais on lui a montré le document qui a été bel et bien envoyé du siège du club, avec le cachet réglementaire. Ce qui est sûr, c’est que j’étais enchanté de passer une nouvelle saison au CAB où j’ai eu à travailler avec les grands tacticiens que sont Ameur Djamil, Hocine Zekri et un Polonais dont je ne me rappelle pas du nom. Après la deuxième saison, je voulais rempiler pour une année seulement, mais le défunt Mohamed Diabi, président de la FAF à l’époque, avait sorti une loi qui obligeait les joueurs à signer des contrats de deux ans au minimum. J’ai dû donc rempiler pour deux ans. Voilà pourquoi je suis resté aussi longtemps au CAB. Cela dit, jamais je n’ai été considéré comme un étranger à Batna. J’ai toujours été traité comme un enfant du club et de la région et je garde des amitiés solides là-bas. S’il me venait en tête de partir là, à l’instant même, à Batna, je sais que ne manquerais de rien et que je trouverais des gens qui m’assureront le gîte et le couvert. C’est dire à quel point je suis considéré là-bas.
Comment étaient vos rapports avec Rachid Bouabdallah ?
C’est un homme au sens noble du terme. D’ailleurs, nous sommes restés en contact à ce jour et il m’arrive parfois de lui rendre visite. C’est un très bon connaisseur du football et des lois et avec lui, les droits du club étaient toujours préservés. S’il avait eu les moyens financiers, il aurait pu faire du CAB le meilleur club d’Afrique. Malheureusement pour lui, il a été trahi par le manque de ressources. Avec le CAB, j’ai atteint la finale de la Coupe d’Algérie, puis la saison d’après, la finale de la Coupe de la Ligue face au MCA, sans compter l’accession en Super Division professionnelle. Cependant, sur le plan financier, je n’ai pas été gâté. D’ailleurs, j’ai pratiquement joué la dernière saison gratuitement, ne percevant qu’un maigre salaire.
Du CAB, vous avez rejoint le club le plus titré d’Algérie, la JS Kabylie. Comment se sont établis les contacts avec Mohand Cherif Hannachi ?
Lors de ma dernière saison au CAB, lorsque je me trouvais à Alger, j’allais à la place du 1er-Mai pour jouer quelques parties de domino en compagnie de quelques amis, dont un proche de la JSK, Samir Chiti. Ce dernier m’avait demandé pourquoi je ne jouerais pas à la JSK. Je lui ai expliqué qu’il y avait eu un pré-contact avec ce club lorsque le CAB l’avait battu en Coupe d’Algérie, du temps où Hamid Zouba en était l’entraîneur, mais qu’il n’y avait pas eu de suite. Alors, Samir a appelé Hannachi sur place en lui disant qu’il y avait Mounir Dob avec lui, puis il me l’a passé. Hannachi m’a demandé directement : «Je suis très intéressé par tes services, mais je ne voudrais pas que tu te moques de moi. Alors, dis-moi franchement : tu viens ou tu ne viens pas ?» Je lui ai répondu que le lendemain, je lui donnerai une réponse définitive, une réponse d’homme. Ce soir-là, j’ai consulté tous les membres de ma famille car chez nous, on a la tradition de prendre l’avis de tout le monde lorsqu’il s’agit de choix décisifs. Je me rappelle que ma mère s’était écriée : «La JSK, c’est un beau challenge !» J’étais d’accord pour signer à la JSK, ainsi que tous les membres de ma famille, y compris Fodil. J’ai donc appelé Hannachi le lendemain et lui ai donné mon accord de principe.
Votre arrivée à la JSK s’était faite dans un contexte particulier, avec le décès tragique du regretté Hocine Gasmi et l’aventure africaine en Coupe de la CAF. N’aviez-vous pas peur du poids de la responsabilité ?
J’ai assumé des responsabilités dans tous les clubs où j’ai joué, surtout au CAB. La seule différence était que la JSK était un club coté sur la scène africaine et cela avait accentué ma motivation. Quand il y a les moyens, l’ambition et la pression des supporters, cela me transcende. Cela a facilité ma mission, même si j’avais eu du mal à m’imposer au début.
Est-ce à dire que l’entraîneur Nedjmeddine Belayachi vous avait marginalisé ?
Ce n’est pas ça. C’est juste qu’il ne me connaissait pas assez bien. Lors de la préparation effectuée en France, nous avions affronté une équipe guinéenne en match amical, puis l’équipe de Clermont-Ferrand où Belayachi avait fait jouer l’équipe qui, à 99 %, devait débuter le match du quart de finale aller de la Coupe de la CAF face à l’Etoile du Sahel. Je me suis retrouvé remplaçant alors que Moussouni et Boubrit avaient été titularisés. J’ai discuté avec le coach qui m’a dit qu’on lui avait dit que j’étais milieu de terrain. Je lui ai alors expliqué que je portais le numéro 10 au CAB, mais que j’étais attaquant de formation, capable de jouer sur les ailes et même en pointe. Il m’a répondu que ça lui convenait et il m’a fait entrer en deuxième mi-temps du match où j’ai inscrit le but de la victoire. Cela a tout changé et il m’a titularisé face à l’Etoile du Sahel, un match lors duquel j’ai inscrit un but qui m’a fait adopter par les supporters.
Les multiples changements d’entraîneurs lors de votre première saison à la JSK ne vous ont-ils pas perturbé ?
Non, pas tellement. Chacun d’eux a apporté quelque chose. Belayachi avait fait du bon travail, construisant en deux mois une équipe qui avait un fond de jeu. Puis, il y a eu l’arrivée du duo Khalef-Sandjak, deux anciens sélectionneurs nationaux qui cumulaient une grande expérience et de grandes connaissances. Ils ont très bien su gérer la finale de la Coupe de la CAF face à Al Ismaïly. J’ai été très honoré d’avoir travaillé avec des entraîneurs de cette trempe.
Des rumeurs avaient évoqué une conspiration de certains joueurs avec des dirigeants pour dégommer Belayachi. Les confirmez-vous ?
(D’un air étonné) Une conspiration ? Je ne le pense pas du tout. Je sais qu’il a été limogé après une défaite par quatre buts en championnat face à l’ES Sétif et une autre en Coupe d’Algérie contre le WA Tlemcen, mais je n’ai pas remarqué une quelconque conspiration ni entendu parler de ça.
Des trois Coupes de la CAF remportées avec la JSK, quelle est la plus belle pour vous ?
Chacune d’elle a une saveur particulière. La première est arrivée quelques mois après le décès de Hocine Gasmi, que Dieu ait son âme. C’était aussi le premier titre pour la majorité des joueurs du groupe, eux qui étaient assoiffés de titres et de challenges africains. La deuxième a été la plus dure à gagner et elle nous avait fait bien suer. Mis à part les quarts de finale face au WA Casablanca, il y a eu du suspense à tous les matchs, surtout face à l’Africa Sport en demi-finale et que je considère comme la vraie finale.
Un match où vous aviez été l’artisan de la qualification en inscrivant un but incroyable de la tête dans les ultimes secondes du match…
Justement, ce but était très particulier. Non seulement c’est l’un des plus importants de ma carrière, mais j’ai dû faire 30 000 calculs en moins d’une seconde pour le concrétiser. Nous étions éliminés à ce moment-là et il fallait un but pour nous qualifier. Quand Slimane Raho allait botter le coup franc, je m’étais placé dans ce que j’appelle une zone morte, c’est-à-dire une zone où l’on ne s’attend pas à ce que le ballon arrive, mais où il y avait des chances, quand il y a cafouillage, qu’il atterrisse. Raho a botté le coup franc dans le paquet et Rahim Meftah l’a dévié de la tête vers moi. A ce moment-là, les données étaient les suivantes : le ballon allait rebondir devant moi, le gardien de but adverse était sorti vers moi en écartant les bras et il n’y avait qu’un petit angle par où faire passer le ballon. En réfléchissant rapidement, j’ai compris que je ne pouvais pas frapper le ballon du pied. Restait la tête, mais comment ? J’ai vite compris qu’il fallait que je lobe le gardien de la tête et que, par conséquent, il fallait taper le ballon avec la tempe, de bas en haut. Toutes ces réflexions ont été faites en une fraction de seconde. Ça a marché et nous nous sommes qualifiés pour la finale. Pour l’anecdote, c’était au même emplacement que j’avais inscrit le but en finale de Coupe d’Algérie en 1995, toujours de la tête.
D’où la particularité de cette Coupe de la CAF gagnée ?
Ce sacre était aussi dédié au regretté Bouha, dirigeant du club, décédé quelques semaines auparavant, ainsi qu’aux victimes des inondations d’Alger qui avaient eu lieu le jour où nous avions disputé la finale aller face à l’Etoile du Sahel.
Justement, comment avez-vous vécu ce drame le jour du match ?
En vérité, nous n’en avions rien su. Le matin, j’avais appelé ma famille pour demander de leurs nouvelles, mais ça ne passait pas. Aucun de mes coéquipiers algérois n’arrivait à avoir sa famille. En revanche, ceux qui étaient originaires de villes de l’intérieur du pays, Liamine Bougherara par exemple, avaient pu parler à leur famille au téléphone. Bref, nous sommes entrés sur le terrain sans être informés des inondations qui avaient touché Alger dans la matinée. Heureusement si je puis dire, car j’imagine l’état psychologique dans lequel nous aurions été si nous avions su, surtout moi, dont toute la famille habite à Bab El Oued, la zone la plus touchée. Avant le match retour, nous étions déterminés à dédier la coupe aux victimes. D’ailleurs, même le président de la République avait rompu le jeûne avec nous le jour du match, preuve de son importance.
Qu’en est-il du troisième titre africain ?
Sa particularité a été que je l’ai remporté avec mon frère Fodil. Je me rappelle très bien qu’en quart de finale face à Djoliba de Bamako, alors que nous étions remplaçants tous deux, le coach nous avait fait rentrer et j’avais dribblé plusieurs défenseurs avant de passer le ballon à Fodil qui a marqué. En finale, nous avons joué tous les deux et remporté la Coupe de la CAF ensemble.
Votre frère Fodil vous avait rejoint à la JSK deux ans après. Avez-vous été derrière sa venue ?
Oui, en quelque sorte. J’avais joué un petit rôle d’intermédiaire pour que Fodil signe à la JSK car c’était le seul club en Algérie où nous pouvions jouer ensemble. Cependant, après cette expérience, j’ai décidé de ne plus jouer avec lui dans un même club car, bien que frères, nos caractères sont différents. Il n’a pas suivi mes conseils pour éviter les problèmes qu’il a eus. C’est un garçon un peu tête en l’air qui, parfois, n’a pas conscience de ce qui est essentiel. J’aurais aimé avoir un frère qui me donne de bons conseils. Par exemple, après le titre de champion gagné par le MCA en 1999, je lui avais conseillé de quitter le Mouloudia par la grande porte avant qu’il en soit chassé par la petite. J’en savais quelque chose. D’ailleurs, c’est parce que les supporters du MCA connaissent mon histoire avec le club que mon frère avait été conservé aussi longtemps. Finalement, les dirigeants ont fini par le jeter comme un malpropre. Je me rappelle très bien de la demi-finale de Coupe d’Algérie de 1997 où le CAB avait éliminé le MCA à Sétif aux tirs au but. Il avait raté un tir, ce qui avait éliminé le MCA. J’avais pleuré à chaudes larmes avec lui dans les vestiaires. Quand même, nous avons fait une bonne saison ensemble à la JSK où nous avons remporté ensemble la Coupe de la CAF en ayant inscrit des buts qui ont été tous marqué grâce à mes passes décisives (rires).
Vous avez remporté trois Coupe de la CAF, mais vous avez échoué à gagner le titre de champion. Quelle en était la raison ?
Il y a eu l’accumulation de plusieurs facteurs défavorables. La Kabylie avait vécu, durant cette période, les événements du Printemps noir. De plus, la JSK avait été délocalisée de Tizi Ouzou et nous recevions à Boumerdès ou à Bordj Menaïel. Ajoutez à cela la partialité des arbitres et l’instabilité au niveau de la barre technique et vous comprendrez que les conditions ne nous étaient pas favorables pour remporter le titre.
Vous avez été l’un des chouchous des supporters de la JSK. Comment avez-vous pu les conquérir ?
Lorsque j’étais enfant, je regardais les matchs entre le MCA et la JSK et je rêvais de jouer pour l’un de ces clubs. Une fois mon rêve réalisé, j’ai mis à profit ma formation au MCA, l’expérience acquise au CRB et la culture tactique qui m’a été inculquée au CAB au service de la JSK. Dans ce club, toutes les conditions sont réunies pour travailler. Le soutien des supporters m’a fortement aidé, à tel point que je jouais avec le cœur. Par exemple, en finale de la Coupe de la CAF contre le Tonnerre de Yaoundé, j’ai eu une entaille à la tête et je saignais, mais j’ai quand même terminé le match. Dans le vestiaire, je m’étais évanoui, ce qui a nécessité mon transport vers l’hôpital, et on a dû me poser six points de suture. Mon parcours à la JSK, je le dois à ses supporters.
Pourquoi alors avoir quitté ce club ?
Jamais je n’ai eu de problème avec Hannachi. Je profite de l’occasion pour le remercier de m’avoir offert l’opportunité de jouer à la JSK et d’y gagner des titres. Au passage, je tiens à signaler que c’est le seul président de club à m’avoir payé jusqu’au dernier centime. Il se trouve juste qu’il y a eu une divergence au sujet de la durée du contrat.
Comment cela ?
Lors de la dernière saison au club, je lui ai demandé si j’étais bien en fin de contrat et il m’a répondu qu’à sa connaissance, j’étais encore lié au club pour une année. Il l’avait dit sans être affirmatif car il ne semblait pas être sûr. Or, je me rappelle bien avoir signé pour une année seulement et je m’en suis rendu compte en allant chez le notaire. Je suis convaincu que Hannachi ne savait rien de l’affaire et qu’il a été induit en erreur. J’ai déclaré donc à la presse qu’à ma connaissance, j’avais signé juste pour une année, mais sans pour autant porter des accusations à l’encontre de Hannachi. Or, il se trouvait des personnes dans son entourage qui ne voulaient pas de moi et qui lui ont dit que je l’accusais dans la presse d’avoir trafiqué mon contrat. Cela l’avait mis en colère jusqu’à me blesser dans mon amour-propre dans des déclarations dans la presse. Là, j’avais décidé de ne plus rester.