Don Quichotte sur les terres des islamistes : Qui veut enterrer Benghebrit?

Don Quichotte sur les terres des islamistes : Qui veut enterrer Benghebrit?

P160816-11.jpgMalgré les efforts consentis par Mostefa Lacheraf, en son temps, pour en réformer quelques pans et sauver ce qui pouvait l’être, la régression de l’école algérienne s’est poursuivie, pour ainsi dire, méthodiquement, jusqu’à engendrer le trou noir des années 1990.

Qui pourrait nier que l’école algérienne est sinistrée? Malgré les efforts consentis par Mostefa Lacheraf, en son temps, pour en réformer quelques pans et sauver ce qui pouvait l’être, la régression s’est poursuivie, pour ainsi dire, méthodiquement, jusqu’à engendrer le trou noir des années 1990. Des années de plomb pour un enseignement «fondamental» qui se résumait à une mécanique de la mémorisation. Au final, des bacheliers qui abordent l’université dans un état psychique désastreux, incapables de réfléchir sur un thème quelconque et d’afficher un esprit critique indispensable à un tel niveau de formation. Confrontés à ce drame, beaucoup de pédagogues se sont évertués à tirer la sonnette d’alarme. En vain, au grand désespoir des familles dont les plus aisées ont commencé à recourir à l’enseignement privé. Un cautère sur la jambe de bois du secteur éducatif. Vite dévoyé, d’ailleurs, puisque la mode a suivi, pour la majorité des enseignants qui se sont mis à délaisser leur travail ordinaire pour se consacrer à des leçons lucratives données à même le palier de leur domicile.



Grave dérive qui dura plusieurs années, sans que les pouvoirs publics puissent y remédier de quelque manière que ce soit. Gangrenée, l’école est devenue peu à peu l’otage d’un merchandising et d’une surenchère syndicale qui ont achevé de la mettre à genoux. On se souvient des grèves à répétition qui ont jalonné le cursus scolaire durant les longues années Benbouzid. Le fond ayant été atteint, on s’est mis à creuser pour enterrer définitivement l’espoir d’un secteur devenu moribond, mais dont les ultimes soubresauts suscitaient encore quelques soucis aux partisans de la régression féconde. Voilà pourquoi la venue et les efforts de la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, ne pouvaient qu’engendrer tracasseries et manoeuvres sournoises dans le secteur. Mue par la volonté de revivifier l’école algérienne, elle s’est employée à pacifier des syndicats récalcitrants à travers une charte de stabilisation, mais ses tentatives de réhabiliter l’enseignement des matières scientifiques et de libérer l’apprentissage d7s la première année du primaire ont déclenché une levée de boucliers chez les adeptes du fondamentalisme. Endoctrinés au son et à la fumée des dogmes pseudo islamistes, ceux-ci n’ont hésité ni devant les invectives ni devant la caricature et le mensonge éhonté. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un combat d’idées mais bel et bien d’idéologie qui est aujourd’hui mené et dont l’école constitue un enjeu dramatique. Sans théâtre ni cinéma, des coups bas de plus en plus sordides ont été et seront encore tentés pour couper court à la démarche. Preuve que le chemin est aussi long que périlleux et qu’il ne sert à rien de crier au loup tant que la bête demeure maîtresse du lieu. La clochardisation du secteur éducatif a permis l’émergence de toute une classe dont le sens des affaires et de l’entrisme politique s’affiche, depuis ces derniers années, au grand jour. Quoi de plus normal que son appétit quand bien même parasite s’impose à n’importe quel prix à toute la société, nivelée au gré de ses intérêts et de ses «valeurs»? En cette circonstance, la fin justifie les moyens…