Le ministre français des Affaires étrangères arrive aujourd’hui à Alger. Une visite qui s’inscrit dans le cadre du «partenariat d’exception voulu par les chefs d’Etat français et algérien», souligne encore le communiqué.
Outre les volets économiques et commerciaux qui ont bénéficié d’une très grande attention des deux pays depuis déjà quelques années, il y a lieu de souligner que le contexte sécuritaire régional et international du moment donne un cachet particulier à cette visite de haut niveau. Conjoncture oblige, Jean-Marc Ayrault aura donc à s’entretenir avec ses homologues algériens sur des questions d’actualité brûlantes.
Et sur ce plan, les deux pays, n’affichant pas forcément les mêmes points de vue, risquent d’aiguiser davantage leurs divergences. Alger et Paris ont beau se réjouir d’une coopération efficace en ce qui concerne notamment l’échange d’information sécuritaire, des points de «discorde» risquent tout de même de s’afficher au grand jour. La Libye, pour ne citer que cet exemple, fait partie de ces dossiers qui peuvent mettre un terme à tout moment à la lune de miel algéro-française. L’Algérie qui défend bec et ongles une solution pacifique et politique dans la résolution de ce conflit bute sur une rigidité bien française. Ce qui ne manque pas d’irriter Alger.
Encline à sortir les armes, la France qui s’est déjà engagée dans une entreprise militaire en Libye en 2011, l’échec est patent, semble de nouveau privilégier l’intervention militaire pour prétendument apporter une «solution» à un chaos libyen qu’elle a elle-même généré en grande partie ! Ce désaccord diplomatique, pas des moindres, est également fortement perceptible sur l’autre dossier syrien.
Paris s’est pendant longtemps battu pour avoir la tête du président Bachar Al Assad avant de tempérer ses ardeurs en constatant son «erreur d’appréciation». Une position qui n’a d’ailleurs pas manqué de donner un véritable coup à la diplomatie française menée alors par Laurent Fabius.
Sur la question syrienne, Alger, fidèle à sa doctrine de non-intervention dans les affaires des autres Etats, n’a de cesse rappelé le respect de la souveraineté des pays et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes lorsqu’il s’agit de régler des affaires et conflits qui les concernent. Paris, une fois de plus, privilégiera dans ce dossier jusqu’au bout la solution militaire. Et les attentats terroristes perpétrés en Europe ces derniers temps risquent malheureusement de renforcer la conviction de la France dans ses choix et mener des campagnes militaires tous azimuts. Jusqu’à quand ? Est-ce la solution ? Le temps nous le dira…