Tout le monde se rappelle du meurtre atroce survenu en mars dernier à Ichekaben, dans la wilaya de Béjaia. Un illuminé a tué sa sœur et sa nièce, une maman et sa petite fille. Ce double féminicide, doublé d’un infanticide, a été commis sur fond d’un rituel ésotérique, ce qui rend les détails de cette affaire encore plus sordides.
Après que l’affaire ait été rendue publique, des voix se sont élevées pour réclamer justice pour les deux victimes, la petite Manel et sa maman Rahima. Un collectif a été notamment créé pour veiller à ce que justice soit rendue. C’est d’ailleurs ce collectif qui avait annoncé que le crime atroce a été qualifié dernièrement par le nouveau juge « d’homicide involontaire ».
Une qualification inacceptable pour le collectif et pour les habitants d’Ichekaben. En effet, si le crime est considéré comme tel, le mis en cause ne risque pas plus de 20 ans de prison. Une peine largement insuffisante selon le collectif, vu l’ampleur du drame.
Il a tué une mère et sa fille : un homicide involontaire ?
« Notre unique crainte était la falsification de l’état de santé psychologique du principal suspect. Rien ne nous laissait penser à une autre alternative », indique le collectif qui a été surpris par le fait que le drame ait été réduit par un nouveau juge à « des coups et blessures sans volonté de donner la mort ».
Suite à cela, le collectif a tenu à « dénoncer la qualification «d’homicide involontaire » par le juge d’instruction » qui a décidé de cela « sans avoir lui-même pris le temps d’auditionner les témoins ! », s’exclame le collectif dans le même communiqué, publié le 27 juillet dernier.
Le collectif précise que, le 14 juillet dernier, « le juge d’instruction avait délivré une ordonnance en s’appuyant seulement sur l’article 264 alinéa 4 du code pénal disant : « Si les coups portés ou les blessures faites volontairement, mais sans intention de donner la mort l’ont pourtant occasionnée, le coupable est puni de la peine de la réclusion à temps, de dix (10) à vingt (20) ans. »
Un crime odieux
Pour rappel, le crime a eu lieu en mars dernier, dans le petit village d’Ichekaben à Béjaia. Le frère de Rahima, la mère de Manel, a demandé à sa sœur de lui céder sa fille afin qu’il l’utilise dans un rituel satanique. Rahima a bien entendu refusé. Un refus qu’elle allait payer de sa vie. « Manel est décédée suite à l’étranglement effectué par ce dernier devant sa maman agonisante avant qu’il ne s’acharne de nouveau sur Rahima », rappelle le collectif.
« Comment veut-on nous faire croire que ce fût sans intention de donner la mort ?! Quelle autre finalité que la mort ?! L’exorcisme déguisé en Roqia est uniquement l’arbre qui veut cacher la forêt. L’intention de tuer était claire en s’invitant ce jour-là chez les victimes ! », s’indignent les rédacteurs du communiqué.
Rappelons aussi que le tueur était accompagné par plusieurs membres de sa famille, qui ont pu assister au meurtre. Le criminel, qui a reconnu le crime devant le juge, a tout fait pour déculpabiliser ses complices. Il a notamment confié être en possession de toutes ses capacités mentales. Ses complices sont donc uniquement poursuivis pour non-assistance à personne en danger.
« Par ce communiqué, le collectif tient à s’adresser directement au Ministère de la Justice, qui demeure le seul espoir d’intégrité et de justice ». Par ailleurs, il a été également dévoilé que « le mari et les enfants de Rahima et nous, membres du collectif, avons décidé de tenir un sit-in devant le tribunal de Béjaïa afin d’interpeller de toute urgence nos autorités et l’opinion publique ».