Douze ans après le séisme de Boumerdès, L’éradication des chalets, un casse-tête qui perdure

Douze ans après le séisme de Boumerdès, L’éradication des chalets, un casse-tête qui perdure

Le dossier du séisme de 2003 qui avait ravagé Boumerdès et ses environs est loin d’être clos. 12 ans après la catastrophe, le défi de recaser tous les sinistrés n’est toujours pas entamé et les chalets ne sont toujours pas démantelés.

154 familles sinistrées suite au séisme, vivotent actuellement dans des chalets dont la durée de vie a expiré. Une expertise avait rendu des résultats prouvant que ces chalets étaient dépassés et ne peuvent plus continuer d’être habités. Les familles sinistrées sont celles qui avaient choisi au lendemain de la catastrophe de reconstruire leur habitations effondrées, grâce à l’aide de l’Etat estimée à11Million DA. Les habitants des cités Ibn Khaldoun et du 11 décembre, au centre-ville de Boumerdès ainsi que ceux de la cité Oasis dans la commune de Bordj Ménaïel ont opté pour l’auto-construction avec la possibilité d’accéder à un crédit bancaire.

Le projet de réalisation de logements pour une soixantaine de familles sinistrées à Bordj Ménaïel n’est toujours pas sorti de terre et les familles continuent de souffrir. Après avoir opté pour l’auto-construction, ces familles ont versé des montants à un promoteur de la région qui les a arnaqués, avant de finir ses jours en prison. Le wali, Kamel Abbès, avait instruit l’OPGI de prendre en charge le cas de ces 60 familles, mais le problème n’est pas encore résolu, la plupart des chefs de familles ne pouvant pas verser l’apport initial. Le recasement provisoire dans des logements sociaux avait été avancé en attendant l’achèvement de leurs habitations. En ce qui concerne les logements au niveau de la cité Ibn Khaldoun et celle du 11 décembre, les travaux sont en cours de réalisation.

Sur un autre plan, pas moins 28 000 logements ont été affectés à la wilaya en vue d’éradiquer les chalets construits après le séisme. 22 000 sont en cours de réalisation et pas moins de 12 000 sont destinés au relogement des habitants des chalets. Une difficulté a été trouvée notamment dans le choix des entreprises qualifiées, mais la plupart des projets ont été octroyés à des entreprises étrangères comme ce fut le cas du programme El Hamri dans la commune des Issers, octroyé aux Coréens.

Notons qu’en dehors de 154 familles sinistrées, tous les chalets sont habités par des familles dans le cadre social. Le démantèlement des chalets est une priorité afin de récupérer les assiettes de terrain. Depuis le lancement de l’opération d’éradication des chalets, pas moins de 1700 ont été démantelés à travers les communes notamment à Si Mustapha, Bordj Ménaïel, Ouled Hedadj et le chef lieu de wilaya.

Une forte demande pour une faible offre

En dépit des programmes de logements affectés et inscrits au profit de la wilaya, il semble que le défi est loin d’être atteint en raison de la forte demande qui caractérise ce secteur névralgique, qu’est le bâtiment. Aussi, en raison de la sensibilité de secteur, la distribution de logements achevés se fait attendre. La semaine écoulée, les habitants du site Derriche qui comprend près de 150 chalets, dont une centaine a été démantelée, sont descendus dans la rue pour réclamer leur relogement dans des habitations en dur, estimant que les logements qui leurs sont destinés sont achevés. La mission de reloger tout le monde s’avère très délicate, depuis qu’un vaste trafic de chalets a été découvert. L’enquête enclenchée en 2011 n’a pas permis de détecter le faux du vrai bénéficiaire.

Les sites de chalets sont dégradés et aucun entretien n’est lancé depuis pratiquement leur implantation. Pas moins de 95 sites ont été créés au lendemain du séisme à travers une vingtaine de localités. Ces chalets implantés sur des assiettes foncières sont devenus inhabitables. Le moment est venu de les démanteler et récupérer les terrains afin d’y implanter des unités industrielles ou monter des projets agricoles. A titre d’exemple, plusieurs projets de zones d’extension touristiques (Zet) ne sont pas encore lancés, notamment à Figuier où un site de chalets est implanté sur la côte. Près de 11 Zet sont prévues dans la région.

Sur un autre volet, le séisme avait causé d’énormes dégâts pour les infrastructures publiques. C’est le cas des établissements scolaires remplacés par des chalets afin d’assurer la scolarité des élèves. Près de 780 classes sont en préfabriqué. Aujourd’hui ils sont dégradés, ce qui fait qu’à chaque entrée scolaire, on enregistre des mouvements de protestation d’élèves réclamant leur démantèlement. Ce fut le cas au lycée de Zemmouri où les élèves se sont révoltés contre la dégradation de leurs conditions de scolarité.

A. O.