Dr Saïd Bouheraoua, chercheur à l’Académie des sciences islamiques de Kuala Lumpur : «La finance islamique n’est pas une question de religiosité, mais un moyen efficace de drainer des capitaux »

Dr Saïd Bouheraoua, chercheur à l’Académie des sciences islamiques de Kuala Lumpur : «La finance islamique n’est pas une question de religiosité, mais un moyen efficace de drainer des capitaux »

Reporters : Que représente pour vous ce symposium ?

Saïd Bouheraoua :C’est avant tout une occasion pour faire comprendre que la finance islamique est un moyen pour développer l’économie dans le sens où l’argent déposé peut servir à financer des projets porteurs pour l’économie du pays. Et d’ailleurs, il sera exposé les expériences tentées dans certains pays et les résultats atteints.

Justement, parlez-nous un peu de l’expérience de la Malaisie dans ce domaine, puisque vous enseignez la finance islamique dans ce pays ?

En Malaisie, l’introduction de la finance islamique s’est vite traduite par la venue d’un nombre important d’investisseurs de plusieurs pays. Et depuis, les banques de ce pays disposent de grandes quantités de liquidités, ce qui a rendu l’économie de ce pays très forte. Je vous ferais savoir que dans certaines banques de ce pays, le taux de financement de projet par la finance islamique a atteint les 55%. Un pourcentage qui reflète tout l’engouement des investisseurs pour ce mode de financement. C’est aussi la preuve qu’en Malaisie, le financement islamique est une grande réussite. Mieux encore, des étrangers viennent déposer leurs économies dans les banques malaisiennes.

Devant de tels résultats, ne serait-il pas intéressant pour notre pays de suivre l’exemple malaisien ?

Effectivement. Mais avant, tout il faudra que l’on comprenne que la finance islamique ce n’est pas une question de religiosité, mais au contraire un moyen efficace de drainer des capitaux nécessaires à l’essor de notre économie. Et l’exemple de la Malaise est là pour nous le prouver.

Ne pensez-vous pas que l’introduction de la finance islamique peut être un moyen de drainer l’argent qui circule dans le marché informel ou que les particuliers préfèrent garder chez eux ?

Je crois que la majorité des Algériens qui ne veulent pas déposer leur argent dans les banques, pour des raisons purement religieuses, vont sans aucun doute changer d’avis suite à l’introduction de la finance islamique. Je dirais donc que la décision de la Banque d’Algérie d’autoriser les banques publiques de proposer des produits de la finance islamique est une sérieuse avancée en la matière. Il faut croire enfin que de nombreux investisseurs étrangers vont bien accueillir cette entrée en matière de ce mode de financement. Je tiens à dire que de nombreux hommes d’affaires étrangers m’ont confié que tant que la législation en matière d’investissement est instable dans votre pays ils ne sont pas près de venir lancer un lancer un projet. Ces derniers ne demandent qu’à le faire tant qu’on dispose d’avantages comparatifs intéressants. Enfin, je peux vous dire que l’introduction de la finance islamique va faire gagner beaucoup de temps au pays dans le sens où de nombreux créneaux d’investissement d’une importance majeure peuvent être lancés.

Écrit par Bouzid Chalabi