L’Organisation non gouvernementale Amnesty International a publié ce mercredi 07 avril 2020 son rapport pour l’année 2020 sur les droits humains dans la Zone Moyen-Orient et Afrique Du Nord (MENA), dont l’Algérie.
En effet, Amnesty International a publié mercredi son rapport annuel sur la situation des droits humains en Algérie, affirmant que l’épidémie de Covid 19 et les mesures prises par les autorités ont exacerbé les violations des droits humains, les libertés fondamentales et la violence à l’égard des femmes.
« En 2020, les autorités ont arrêté et poursuivi en justice des manifestant·e·s pacifiques, des journalistes, des militant·e·s et des citoyen·ne·s qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, dans le cadre du mouvement de protestation de grande ampleur connu sous le nom de « Hirak », indique le rapport annuel.
Selon l’Amnesty, les autorités ont également adopté de nouvelles lois qui restreignent davantage les libertés fondamentales des Algériens et des Algériennes, » De nouvelles mesures législatives ont encore restreint les droits à la liberté d’expression et d’association, en instaurant de lourdes sanctions pénales pour la diffusion de « fausses nouvelles » et pour le fait de recevoir certains types de financements provenant de l’étranger », lit-on dans le rapport.
« Les pouvoirs publics ont utilisé la pandémie de COVID-19 comme prétexte pour multiplier les arrestations de militant·e·s, de journalistes et de blogueurs et blogueuses qui critiquaient les autorités en ligne, s’appuyant dans la plupart des cas sur des dispositions du Code pénal pour engager des poursuites à leur encontre », précise le rapport.
La directrice d’Amnesty International a affirmé que toutes les personnes détenues devraient être libérées immédiatement et sans condition, » au moins 93 personnes, parmi lesquelles des journalistes et des militant·e·s politiques et de la société civile, étaient toujours en détention à la fin de l’année pour avoir partagé des publications en ligne ou participé au Hirak ».
Les cas de tortures
L’Amnesty International a également recueilli des informations sur les cas d’au moins trois militants arrêtés et détenus qui ont déclaré avoir été torturés ou maltraités, selon le communiqué.
« Les autorités doivent veiller à ce que toutes les allégations de torture et d’autres mauvais traitements soient menées de manière impartiale et indépendante, à publier leurs conclusions et à traduire en justice les auteurs présumés. »
Elle a également exigé la publication des résultats des enquêtes sur les circonstances de la mort de Mohamed Tamlat, Kameledinne Fakhar et Ramzi Yettou.
« Les autorités doivent renforcer et protéger la liberté de la presse et permettre aux journalistes de faire leur travail de manière indépendante sans entrave ni intimidation », peut-on lire dans le rapport.
La hausse des cas des Féminicides
Le rapport note également l’augmentation des cas de violence à l’égard des femmes en Algérie, où plus de 50 femmes ont été tuées en 2020.
« Le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme a signalé 39 cas d’homicides et de violences volontaires ayant entraîné la mort de femmes pendant la période de confinement due à la pandémie de COVID-19 », rapporte l’Amnesty.
Les statistiques officielles sur les cas de violence contre les femmes étaient largement en dessous de la réalité, « le Réseau Wassila, a enregistré en mai une augmentation des appels à sa permanence téléphonique signalant des violences familiales, probablement en raison des mesures de confinement ».
Secteur de la justice
L’Organisation non gouvernementale Amnesty International a evoqué dans son rapport le secteur de la Justice en Algérie.
La nouvelle Constitution ne supprimait pas le contrôle de l’exécutif sur le pouvoir judiciaire et ne garantissait toujours pas l’indépendance de la justice.
En février, le ministère de la Justice a ordonné la mutation du procureur Sid Ahmed Belhadi à El Oued, à 600 kilomètres au sud d’Alger, deux jours après qu’il eut plaidé, devant un tribunal d’Alger, en faveur de l’acquittement de 16 personnes arrêtées pour avoir participé pacifiquement au Hirak en janvier. Le Syndicat national des magistrats a qualifié cette mutation de « sanction politique et mesure de représailles ».
Une grève nationale des avocat·e·s a été organisée les 30 septembre et 1er octobre pour réclamer le respect des droits de la défense et l’équité des procès.