Les dysfonctionnements qui caractérisent les administrations sont un facteur favorable à la prolifération du phénomène de corruption, selon le constat de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (Onplc).
«Si l’acte de corruption implique la responsabilité première de l’agent public qui en est l’auteur, il n’en reste pas moins que sa réalisation n’aurait probablement pas été rendue possible sans les dysfonctionnements dans l’organisation, dans le processus de prise de décision et dans le contrôle hiérarchique prévalant dans nos administrations», a affirmé, hier, le président de cet organisme, Brahim Bouzeboudjen, lors d’une journée d’études sur la prévention et la lutte contre la corruption, dédiée aux inspecteurs généraux des ministères et des grands services de l’Etat.
Une déclaration lourde en sens qui renseigne, implicitement, sur «l’anarchie administrative» qui mine plusieurs institutions et établissements publics, en témoigne les innombrables affaires de corruption et de malversation qui défraient la chronique ces dernières années et qui touchent une multitude de secteurs. Le président de l’Onplc a esquissé, dans ce sens, une brèche d’un sondage sur la perception de la corruption par la population, à paraître prochainement, qui démontre «une manifeste défiance à l’égard des administrations publiques».
Il a estimé à ce titre, que l’affaiblissement de l’administration par la corruption constitue «une source d’iniquité et une atteinte à la sécurité publique», insistant sur le fait que le combat contre ce phénomène est «un combat pour la survie de l’Etat et la préservation de son intégrité et celle des droits du citoyen».
«Toute stratégie pertinente de prévention contre la corruption doit relever des disciplines inhérentes à la bonne gouvernance, et procède de ce fait de l’attention particulière qu’il s’agit d’accorder aux procédures de contrôle interne, à leur validité et à toute mesure permettant de promouvoir la transparence et l’intégrité», a préconisé Brahim Bouzeboudjen.
Evoquant les instruments internationaux et autres conventions paraphées par l’Algérie qui s’inscrit pleinement dans la lutte contre ce phénomène de corruption, le directeur de l’Onplc a plaidé pour un approfondissement de l’évaluation de ces instruments, afin de s’assurer de l’applicabilité, l’efficacité et l’impact réel de ces dispositifs sur la lutte contre la corruption. Dans cette perspective, l’Algérie et la France ont signé, hier à Alger, un protocole de coopération en matière de lutte contre la corruption entre l’Onplc et le Service central français de la prévention contre la corruption (Scpc).
Tout en se félicitant de cet accord, Brahim Bouzeboudjen a souligné que cela «permettra à l’Algérie de bénéficier de l’expertise française dans le domaine de la sensibilisation et de la prévention de la corruption», à travers un échange de délégations de fonctionnaires, la formation et la participation à des stages sur les bonnes pratiques en matière de prévention contre ce phénomène. De son côté, François Badie, chef du Scpc a émis le souhait que le protocole ne soit par «un simple écrit» et «doit être suivi d’effet sur le terrain».
M. A. C.