Les collectivités locales constituent un acteur majeur dans la promotion de l’investissement et la modernisation du service public. Les pouvoirs publics ne cessent d’injecter des moyens financiers très important destinés notamment à la poursuite de l’effort de développement local visant à améliorer le cadre et les conditions de vie du citoyen.
Cependant, malgré ces grands efforts déployés par le gouvernement le rôle de ces institutions reste toujours faible. En effet, la crise liée à la chute du prix des hydrocarbures et les conséquences sur le budget de l’Etat a amené les pouvoirs publics à donner une nouvelle orientation du rôle économique tant de l’Etat central que des collectivités locales. Autant de questions qui se posent notamment sur les nouvelles missions de ces structures décentralisées face aux tensions budgétaires.
L’expert international Abderrahmane Mebtoul a insisté sur la nécessité de revoir toutes les politiques menées ces dernières années, car a-t-il précisé « l’ère des transferts des budgets de l’État pour pallier les déficits de gestion est révolue, devant rechercher et trouver ses propres sources de financement ». Il dira dans ce sens que les collectivités locales, les 48 wilayas et les 1.541 communes (APC), doivent avoir d’autres missions que de se limiter à des guichets destinés à la prise en charge de certains services publics de base en s’appuyant essentiellement sur le budget de l’Etat ».
Appuyant ses dires l’expert a souligné qu’il n’y pas de commune pauvre en Algérie, mais bien, souvent, une mentalité rentière prévalant au niveau des collectivités locales. Selon lui, les rapports élaborés par les services de ce ministère montrent un bilan négatif en matière de dynamisation de l’économie locale, les impôts étant insuffisamment recouvrés, certains biens étant exploités sans contrepartie et d’autres détournés de leur vocation. « Les responsables locaux », a-t-il également insisté « doivent à l’avenir avoir une vision et une visibilité pour le développement de leurs communes, tenant compte des spécificités et potentialités de chacune et des aspirations de ses citoyens, des responsables de wilayas et des élus à la recherche d’intérêts restreints, au discours populiste et clientéliste, sans projection vers l’avenir ».
L’expert trouve regrettable le fait que les APC se sont limitées aujourd’hui au rôle, à distribuer le couffin de Ramadhan, et à changer les carrelages des trottoirs et places publiques. Le recouvrement des taxes locales, n’étant pas une priorité, les collectivités locales n’ayant pas orienté les fonds importants alloués par l’Etat vers la valorisation et la rentabilisation des richesses multiples dont elles disposent.
Pour la gestion efficiente des espaces, Mebtoul a insisté sur la nécessité de dresser un état des lieux. « Dans le système algérien, comme rappelé précédemment, les collectivités locales ont pour l’essentiel constitué des entités assistées par un Etat qui, outre ses prérogatives propres, se voulait être l’unique gestionnaire de l’économie », a-t-il indiqué, avant d’ajouter que « les responsables locaux n’étaient donc, de ce fait, que des exécutants des politiques et décisions arrêtées au niveau central et qui se traduisaient au niveau communal par la réalisation des actions et programmes arrêtés en séance d’arbitrage par l’organe central de la planification, au titre des plans annuels et des enveloppes budgétaires ».
Il a indiqué dans ce sens que « l’anarchie dont témoigne actuellement la croissance et les extensions désordonnées de nos villes, et notamment les plus grandes d’entre elles, ne pourra que s’accentuer, si l’on continue à accepter que les autorités locales demeurent livrées à elles-mêmes pour répondre, sous la contrainte, à la demande sociale en espace à bâtir. Une réorganisation du pouvoir local dont la base est la commune, pour une société plus participative et citoyenne s’impose supposant d’imaginer d’autres modes de gestion des ministères et de tous les appareils de l’Etat ». « Cela signifie qu’il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu’une solution nationale », a-t-il précisé.