L’Ecole supérieure des Beaux-Arts d’Alger n’arrive toujours pas à sortir la tête de l’eau. La crise qui la secoue depuis des années n’arrive pas à s’estamper. Des générations entières d’étudiants sont sacrifiés à cause de revendications pourtant simples à résoudre. Le spectre de l’année blanche qui planait sur l’école durant cette saison est évité de justesse, au mois de février dernier après une grève qui avait duré de longs mois. Le ministre de la Culture, qui s’est déplacé sur les lieux, avait annoncé une série de mesures pour satisfaire les revendications des étudiants. Deux mois après, certains points sont satisfaits, d’autres attendent d’être résolus. «Mis a part la prise en charge des problèmes de transport, d’hébergement et de nourriture, et cela de manière temporaire, rien n’a encore été fait», déclare une étudiante, rencontrée devant l’école. Pour rappel, le ministère de la Culture s’est engagé au mois de février dernier à maintenir l’hébergement des étudiants de l’ESBA au niveau de la résidence OVA, (Village des artistes de Zéralda). «La prochaine rentrée universitaire, les élèves de l’ESBA seront hébergés au niveau des résidences et cités universitaires. Le ministère s’est également engagé à assurer et renforcer le transport, ainsi que la restauration. Ce qui est respecté», reconnaissent les étudiants. Mais concernant les problèmes pédagogiques, ils persistent encore. Rien de concret n’a été fait pour le moment. Les étudiants rencontrés dénoncent l’instabilité dans le corps enseignant, ce qui influe très négativement sur leur cursus. Ceux-ci mettent en évidence l’engagement sans faille de certains professeurs de l’école, et leur abnégation à transmettre leur savoir et élever le niveau. «Par contre, quelques-uns s’adonnent à des pratiques, disent-ils, qui déshonorent leur profession. Avec des idéologies très rétrogrades, ils tirent vers le bas, maintiennent l’école dans sa misère et l’empêchent d’évoluer», regrettent encore les étudiants de l’ESBA. Des étudiants découragés Un des étudiants affirme qu’en «deux ans d’études au sein de cette école, je n’ai jamais fait un projet de création. Cet état de fait me frustre, me démotive, et me décourage de continuer. Je peux vous assurer que c’est l’esprit général des étudiants», insiste-t-il, dépité. Autre point soulevé par les étudiants, l’intégration de tamazight dans leur école. «Elle est, maintenant, une langue nationale et officielle. Nous demandons à ce qu’elle soit entièrement intégrée dans cette école. Qu’on puisse faire nos projets de mémoire dans cette langue, qui est la nôtre», réclament-ils. L’Ecole des Beaux-Arts d’Alger, unique en son genre dans notre pays, souffre de tous les côtés.» «D’anciens étudiants de l’école, qui font des merveilles dans d’autres pays, sont chassés de la porte de l’école comme des malpropres. On ne donne aucune considération pour les anciens qui ont fait cette école», regrettent les jeunes étudiants. Le ministère de la Culture avait annoncé l’ouverture d’un chantier pédagogique et logistique pour revoir tout le fonctionnement de l’école. Jusqu’à présent, les résultats des commissions installées avec le ministère de l’Enseignement supérieure et de la Recherche scientifique ne sont pas encore annoncés.
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