Unique indicateur de solvabilité de l’Algérie, les réserves de change du pays ont baissé à 121,9 milliards de dollars à fin septembre. C’est ce qu’a indiqué hier le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal.
La fonte des réserves officielles de change de l’Algérie s’est accélérée depuis juin 2014, date durant laquelle les marchés pétroliers ont été entraînés dans une dangereuse déprime qui s’est traduite par une baisse de 60% des prix du brut. En effet, les réserves officielles de change se sont contractées de 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014 à 178,938 milliards de dollars à fin décembre 2014 et à 144,13 milliards de dollars à fin décembre 2015.
Ainsi, depuis juin 2014, l’Algérie a perdu 71,369 milliards de dollars sur ses réserves de change. Les déficits records de ces dernières années ont été à l’origine directe de cette dangereuse contraction des réserves de change officielles de l’Algérie. Le pays devrait clôturer l’actuel exercice avec un déficit de 12,9% du Produit intérieur brut (PIB), contre 16,2% du PIB en 2015, selon les calculs du Fonds monétaire international (FMI).
Cette institution a prévu un déficit budgétaire de 9,3% du PIB pour 2017. Le déficit sera ramené progressivement jusqu’à -3,9% du PIB en 2021, selon des projections du Fonds incluses dans son rapport « moniteur des finances publiques » qui examine la conduite des politiques budgétaires dans le monde.
Cela dit, une hausse du déficit global (balance des paiements et déficit commercial) entraîne mathématiquement une baisse des réserves de change stockés dans les banques souveraines américaines et européennes. Dans les détails, la valeur des importations qui continue à culminer à des niveaux dangereux a eu pour effet de ronger l’épargne en devises.
D’ailleurs, les mesures de restriction à l’importation mises en application par l’Exécutif depuis le début de l’année dernière avaient pour objectif de préserver les réserves de change, dont la valeur a enclenché une descente dangereuse depuis juin 2014.
Pour l’Exécutif qui n’exclut plus l’éventualité d’un recours aux financements extérieurs, maintenir les réserves de change à des niveaux appréciables est un enjeu de taille, tant cette épargne constitue l’unique gage de solvabilité du pays. Au mois de juillet dernier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé depuis Oum El Bouaghi que les réserves de change en Algérie vont s’établir autour de « 116 milliards de dollars en 2016 et ne baisseront pas en dessous des 100 milliards de dollars quelles qu’en soient les circonstances ».
C’est la limite que se fixe donc le gouvernement qui, face à une fonte plus rapide que prévu des réserves de change, doit s’investir pleinement dans la réduction des déficits, le seul moyen qui permettra de préserver les réserves de change aux niveaux souhaités.
C’est l’objectif que se fixe le gouvernement sur les trois prochaines années, à travers la codification macroéconomique du budget sur les années 2017-2019. Cela passerait par la réduction des dépenses globales et la baisse des importations qui, au demeurant, continuent à se maintenir à des seuils pour le moins insoutenables.
Pour rappel, les réserves de change sont des prêts accordés par l’Algérie sous force de placements bancaires à des taux très bas (au maximum 2%) aux grandes économies du monde (Etats-Unis, Europe, Grande Bretagne et Japon).
Ces réserves de change sont gérées par la Banque d’Algérie qui est censée remettre au Trésor les bénéfices qu’elle tire d’une part de leur placement sur les marchés internationaux et d’autre part de la fluctuation du dinar.