Le citoyen se dirige de plus en plus vers les sites de vente en ligne pour commander des produits ou des services. Utiliser internet pour faire son shopping, payer ses factures, ou commander un chauffeur ou un repas est entré dans les moeurs des algériens.
D’un autre côté, l’absence d’un cadre juridique devant régir le fonctionnement du e-commerce en Algérie, destiné à protéger aussi bien les e-acheteurs que les e-marchands, expose fortement les deux parties à des risques de fraudes et d’arnaques. Car en effet, actuellement, le législateur Algérien, n’a pas encore « déterminé » le cadre législatif, qui vise à protéger et accompagner le e-commerce en Algérie.
Selon les statistiques officielles, plus de 100 000 transactions ont été effectuées depuis le lancement du e-paiement en octobre 2016. Cependant, le paiement électronique en Algérie se limite actuellement, au paiement des factures d’électricité, du Gaz et de l’eau, ainsi que certains services d’assurances.
En dépit de « l’absence » du e-paiement en Algérie, et l’absence d’un cadre juridique régissant le commerce électronique, de nombreux sites internet spécialisés dans la vente en ligne se sont distingués, et n’ont cessé d’accroitre le nombre de leurs clients. Ces sites ont pensé à d’autres alternative en l’occurrence : le paiement cash à la livraison, donnant un aperçu d’un « marché très prometteur ». Comment se porte le monde du e-commerce en Algérie? qui sont ses acteurs ? Comment procèdent-ils pour éviter d’éventuelles « arnaques » ? Des questions que nous avons posées à quelques e-marchands exerçants en Algérie, en l’occurence Jumia, Batolis et Yassir.
Jumia à l’assaut du marché algérien
Jumia Algérie, qui enregistre actuellement 1,5 million de visiteurs par mois, soit une croissance de 50 % par rapport à 2016, est un des leaders du e-commerce en Algérie « Notre plateforme numérique permet à nos visiteurs de choisir parmi une panoplie de produits, des produits répondant aux exigences de nos clients, soumis aux normes JUMIA, et aux Standards internationaux » révèle Patrick Sophienne Baudry, Directeur de Jumia Algérie. « (le paiement en cash) ne nous a pas empêché d’accroître notre chiffre d’affaire. Chez Jumia, toutes les transactions sont payées en liquide, et le paiement se fait après la livraison. Notre système de paiement est sûr et fiable » nous a répondu Le directeur de Jumia Algérie au sujet des modalités de paiement.
Concernant la santé du marché du e-commerce en Algérie, Mariem Toumi, la responsable Marketing chez Jumia, nous a fait part de son point de vue « La vente en ligne en Algérie est un marché très prometteur, Depuis notre implantation en 2014, nous avons constaté une augmentation du chiffre d’affaire, avec plus d’un million cinq cent mille visites par mois sur notre plateforme. Le nombre de commandes est en constante augmentation » explique-t-elle.
Batolis, le challenger made in Algeria
Suite à l’engouement du public algérien pour le shopping en ligne, d’autres ont choisi de se lancer dans l’aventure du e-commerce, par exemple Batolis, site d’achat en ligne 100% algérien, qui existe depuis 2015. « Chez Batolis, nous offrons à nos clients le choix entre de nombreux produis, et on s’engage à livrer leurs commandes, et ce sur tout le territoire national » raconte Malek Bouazabia, Co-fondateur du site de vente en ligne Batolis. « Comme la majorité des sites de ventes en lignes en Algérie, la plupart des transactions sont effectuées en cash, ou alors par virement CCP. Ceci dit, le risque de fausses commandes est un fait réel qu’on doit malheureusement gérer au quotidien, après avoir engagé les frais de livraisons » nous répond Malek au sujet de l’absence d’un cadre règlementaire régissant le e-commerce en Algérie.
En effet, à ce jour, les sites de ventes en ligne utilisent le paiement par cash. Le client paie sa commande à la livraison. Une solution risquée pour les e-marchands, et ce à cause des fausses commandes, risque quasi-inexistant dans le cas du paiement électronique vu que le client a déjà payé son produit . « Il est vrai qu’actuellement, les chiffres sont motivants, mais on aimerait bien que les autorités Algériennes assurent un accompagnement des e-marchands et des e-consommateurs, à tous les niveaux, cela ne sera que bénéfique pour nous et nos clients d’une part, mais aussi, et surtout, à l’État lui-même d’une autre part » nous-déclare Malek Bouazabia.
Yassir, le petit nouveau qui veut révolutionner le mode de transport des algériens
L’ e-commerce en Algérie ne se résume pas qu’aux sites marchands, on trouve aussi plusieurs concepts originaux. Yassir en fait partie. Pour faire simple, Yassir est un service innovant qui permet aux algériens (aux algérois pour le moment) de commander un chauffeur avec leur smartphone. Nous avons essayé l’application afin de se faire une idée sur ce nouveau service…
Lundi matin, Boulevard des martyrs, direction le boulevard Sidi Yahia. Dans un premier temps, on télécharge l’application. Après la configuration, Yassir nous demande de choisir notre point de départ, puis notre destination. Ensuite, estimation du tarif: 140da, (À titre comparatif, un taxi « compteur » nous aurait pris entre 120 et 140 da, mais quasi inexistant dans les parages. Pour un taxi dit « coursa » , il faut compter 500-600 da pour la même destination), on accepte la course, et en quelques minutes, on nous attribue un chauffeur, l’application nous annonce le nom du chauffeur, le modèle de la voiture et sa plaque d’immatriculation, ainsi que le trajet qui lui reste à faire avant d’arriver chez nous. Dix minutes plus tard, voici notre chauffeur qui arrive. Le trajet fut agréable et confortable, et le chauffeur très professionnel.
Quelques jours plus tard, nous avons pu discuter avec les créateurs de Yassir « l’application Yassir vous indique le lieu de départ et la destination, le tarif de la prestation, le chemin le plus cours et le moins encombré, en garantissant qualité, sécurité et confiance à nos clients, le tout dans un cadre légal » nous informe. Mahdi Yettou, Général Manager de Yassir.
« Après avoir choisi un chauffeur, et validé la course, à l’aide d’un algorithme, notre application calcul le prix de la prestation selon plusieurs facteurs : la distance, et l’embouteillage. Une fois arrivé, le client, qui est déjà au fait du prix de sa course, paie son chauffeur en cash » nous déclare Mr Yettou . « Notre nouveau concept attire de plus en plus de prestataires et d’usagers, c’est un bon signe pour nous. Néanmoins, l’e-paiement nous facilitera la vie amplement » ajoute-il.
Qu’en est-il de la législation algérienne concernant l’e-commerce?
Un projet de loi relatif au commerce électronique a été adopté hier par le conseil des ministres, ce texte vise à donner une assise à cette activité et à instaurer un climat favorable au e-commerce en Algérie. (Pour plus d’information, lire notre entretien avec Youcef Boucherim, expert International en TIC)
Djabri Mounir