En prenant ses fonctions à la tête de ce nouveau ministère en juin dernier, Mouatassam Boudiaf était conscient de la tâche énorme qui l’attendait. Ses premiers mots répétaient un crédo : Mettre en place les fondements de l’économie numérique.
Issu du domaine de l’ingénierie informatique et les techniques de l’information et maîtrisant parfaitement le secteur bancaire et financier, Boudiaf possédait des qualités d’une personne opérationnelle. Son profil et son CV bien rempli lui offrait des atouts de taille, d’autant que son secteur d’activité a énormément d’externalités.
Rapidement, il mettra en place une feuille de route qui cadre avec le nouveau plan de relance de l’économie nationale, en lançant des réformes urgentes dans le secteur financier et bancaire. Saluée par les opérateurs économiques, les hommes d’affaires et les économistes, ses premiers projets viennent de s’arrimer à la globalisation numérique, notamment avec le lancement de deux opérations : le paiement sur internet et la télédéclaration fiscale adossée au télé-paiement. En sept mois, ces deux actions montraient bien que les priorités de Boudiaf est de mettre en place l’écosystème de cette économie numérique et d’assurer surtout sa profitabilité à l’économie nationale en général, d’autant qu’on connait la contribution de ce domaine à la croissance du pays et à l’augmentation de ses richesses.
Pour le ministre délégué auprès du ministre des Finances, il s’agit « d’un projet de société à caractère transversal » et qui « s’érige par strates:technologique, technique et régalien autour d’un capital humain émérite ». C’est ainsi qu’il s’attellera au lancement de son chantier de modernisation des systèmes financiers, car ces derniers sont au cœur de l’économie numérique. Une modernisation qui va toucher en premier lieu les Banques, les Impôts,le Budget, les Douanes et les Domaines. Ce sont ces entités étatiques qui vont permettre, grâce à la construction de systèmes d’information, de gérer en temps réel des informations fiables et à parfaire les prise de décisions rapides.
Récemment, la télédéclaration fiscale et le télé-paiement des taxes et impôts pour les opérateurs économiques ont été lancées par la Direction des grandes entreprises (DGE). Un portail de télé-procédures, appelé « Jibayatic » a été mis à la disposition de cette catégorie d’opérateurs, ce qui permettra d’améliorer la relation numérique entre les contribuables et l’administration fiscale. Il s’agit essentiellement de l’accès aux données d’identification, de la saisie assistée d’une déclaration d’impôts avec calcul automatique et choix d’options sous forme de listes déroulantes et d’une meilleure traçabilité et maitrise des échanges avec l’administration fiscale grâce à un suivi précis des déclarations envoyées.
Auparavant, avec le e-paiement pour les grands facturiers (Seeal, Sonelgaz, etc) et les compagnies de transport (Air Algérie), c’est une première phase qui sera suivie, dans le futur, pour les sociétés de service avant de se généraliser. Au niveau de son département, on assure que la future loi sur le e-commerce va permettre de généraliser le commerce électronique en Algérie en encadrant de manière précises les transactions commerciales sur le cyberespace. On souligne que le paiement de proximité fait l’objet d’une extension du réseau d’acceptation TPE (Terminaux de paiement électronique) qui sera adossé à la mise en place des canaux d’interactions au profit des porteurs et des commerçants. Cela se fera avec la généralisation de l’usage de la carte de paiement électronique. C’est d’ailleurs, cela qui aura un effet catalyseur sur l’économie informelle, car, comme le dira le ministre délégué, cette dernière sera « implicitement entraînée dans cet élan de bancarisation de l’économie ». Le jeune ministre dira,dans un entretien à l’APS juste après sa nomination, il y a 6 mois, « qu’un système de paiement électronique efficient et usité, un cyberespace accessible et sécurisé et une industrie du numérique forte constituent le noyau de l’économie numérique et concernent, d’une manière centrale, les secteurs financier et bancaire, des TIC et de l’Industrie. ».