Economie réelle : L’Algérie peut mieux faire

Economie réelle : L’Algérie peut mieux faire

Le Cnes ne déroge pas à la règle. Il dresse un bilan mi-figue, mi-raisin de la situation économique du pays dans son rapport de conjoncture économique et sociale, notamment dans le chapitre consacré à l’«économie réelle».

 «Peut mieux faire !» C’est en substance ce qui ressort de l’analyse des données réalisée par le Cnes et par secteurs d’activité économique du pays au 1er semestre 2015. En ouvrant le bal avec le secteur de l’agriculture, le Cnes a, dans la partie consacrée à  l’«économie réelle», décortiqué les données statistiques fournies par l’ONS, le Cnis, le ministère de tutelle et la FAO pour faire des constats et donner quelques orientations.Dans ce document, dont le Temps d’Algérie détient une copie, le rapport fait remarquer que malgré les efforts déployés par l’Etat, le secteur n’arrive toujours pas à atteindre les résultats escomptés et que la production actuelle ne couvre qu’à hauteur de 70% des besoins du marché.

Evoquant les défis que le secteur doit relever à l’avenir, le rapport se demande comment l’agriculture pourra faire face à une demande progressive et exigeante connaissant une croissance à deux chiffres, sachant que la croissance attendue du secteur pour l’année 2015 est estimée à 10%.

Passant d’un secteur à un autre, l’institution de concertation s’est permis de constater qu’en dépit des contre-performances que connaît le secteur des hydrocarbures en termes de baisse en volume exporté et de recettes financières à l’exportation ; ce secteur continue, néanmoins, à être la principale source de croissance du pays. L’autre remarque du Cnes consiste à relever que si la baisse de la production du pétrole et du gaz naturel peut être en rapport de cause à effet avec la chute brutale du prix du brut, le ralentissement du raffinage s’explique difficilement au regard des besoins, fort importants, de consommation interne en carburants, au moment où le gouvernement compte adopter un train de mesures visant à réduire substantiellement la facture d’importation.

Peu de place au raffinage

Dans son volet industriel, le Cnes relève que l’essentiel des investissements industriels hérités des années 1970, demeurés sans amélioration ni innovation, a atteint son niveau limite d’âge et de process technologique. L’EPE n’est plus en mesure, selon le rapport, de trouver en elle-même les moyens financiers et techniques pour réimpulser sa relance industrielle, il est nécessaire de renforcer le rôle de l’Etat qui est le seul à même de répondre efficacement aux exigences financières d’investissement, d’orientation et de contrôle.

Comme potentiel de substitution aux importations, le Cnes propose dans son rapport de développer, à titre d’exemple, la production des matériaux de construction. S’appuyant sur les données du Cnis, qui relèvent que les importations des matériaux de construction ont connu une baisse appréciable évaluée à 31,17%, pour s’établir à 1,09 milliard USD sur les 5 premiers mois de 2015, contre près de 1,59 milliard USD à la même période de 2014, le Cnes trouve que cette baisse témoigne de la volonté de l’Etat de diversifier l’économie nationale en augmentant la production de certaines filières industrielles et freiner ainsi l’accroissement de la facture des importations. A cet effet, arguent les rédacteurs du texte, le ministère de l’Habitat a mis en place un nouveau dispositif relatif à l’obligation d’utilisation de matériaux de production locale, dans l’objectif de voir 85% des projets en Algérie utiliser ces matériaux (ce taux se situe actuellement à 65%).

Lente autoroute Est-Ouest…

Ne pouvant s’empêcher d’aborder dans sa partie réservée aux infrastructures la question de l’autoroute Est-Ouest, le Cnes rappelle que neuf années après son lancement, ce projet n’a pas encore été livré dans sa totalité. L’état d’avancement des travaux dépasse les 95%, alors que les équipements d’accompagnement tels que les stations de service, de péage… sont en cours de réalisation.

Citant cette fois-ci les prévisions de la FAO et de l’OCDE qui prédisent que les prix réels des produits agricoles devraient diminuer graduellement d’ici à 2024 sous l’effet du rendement élevé des cultures, d’une augmentation de la productivité et d’un ralentissement de la hausse de la demande mondiale, le Cnes «souhaite» que les opérateurs nationaux doivent répercuter la baisse des prix des produits achetés à l’international sur le marché interne. Pour cela, il est recommandé une application rigoureuse de la loi en cas d’infraction car le fait de ne pas répercuter la chute des cours est une infraction.

H. M.